• Nymphe qui jamais ne sommeilles
    Et dont les messages divers
    En un moment sont aux oreilles
    Des peuples de tout l’univers,
    Vole vite ; et de la contrée
    Par où le jour fait son entrée,
    Jusqu’au rivage de Calis,
    Conte sur la terre et sur l’onde
    Que l’honneur unique du monde,
    C’est la reine des fleurs de lis.

    Quand son Henri, de qui la...

  • Enfin, après les tempêtes,
    Nous voici rendus au port ;
    Enfin nous voyons nos têtes
    Hors de l’injure du sort :
    Nous n’avons rien qui menace
    De troubler notre bonace ;
    Et ces matières de pleurs,
    Massacres, feux et rapines,
    De leurs funestes épines
    Ne gâteront plus nos fleurs.

    Nos prières sont ouïes,
    Tout est réconcilié ;
    ...

  • Ô jour heureux, heure, temps, et moment,
    Auquel ma dame a d'une foi jurée
    Promis secours à mon âme enferrée
    Dans la prison de l'amoureux tourment !

    Moi trop heureux, et trop heureux amant
    D'avoir enfin ma liesse assurée
    Par celle-là qui naguère acérée
    Me meurtrissait si misérablement.

    Mais, ah ! hélas ! je bâtis sur du sable,
    Je m...

  • Stances

    Je me répute heureux, pour avoir emporté
    À la fin ce portrait, où votre grand beauté
    Revit fécondement par la vive peinture
    D'un maître très expert, qui dedans son tableau
    A si bien retracé votre visage beau
    Qu'il semble entièrement ouvrage de Nature.

    Qui verrait cette image assise auprès de vous,
    Bien qu'elle soit sans âme et...

  • Dieu ! que je suis heureux quand je baise à loisir
    Le pourpre soupirant de tes lèvres mollettes,
    Quand nous faisons frayer le bout de nos languettes
    D'une humide rencontre, ô Dieu, que de plaisir !

    Dieu ! que je suis heureux quand, ardent de désir,
    Je sens à petits flots les humeurs doucelettes
    De ta langue couler sur tes lèvres pourprettes ;
    D'un...

  • Ô bien heureux qui peut passer sa vie
    Entre les siens franc de haine et d'envie,
    Parmi les champs, les forêts et les bois,
    Loin du tumulte et du bruit populaire,
    Et qui ne vend sa liberté pour plaire
    Aux passions des princes et des rois !

    Il n'a souci d'une chose incertaine;
    Il ne se plaît d'une espérance vaine ;
    Nulle faveur ne le va décevant...

  • Ô Songe heureux et doux ! où fuis-tu si soudain,
    Laissant à ton départ mon âme désolée ?
    Ô douce vision, las ! où es-tu volée,
    Me rendant de tristesse et d'angoisse si plein ?

    Hélas ! Somme trompeur, que tu m'es inhumain !
    Que n'as-tu plus longtemps, ma paupière sillée ?
    Que n'avez-vous encore, ô vous, troupe étoilée,
    Empêché le soleil de commencer...

  • Niobé, tes enfants jadis furent heureux
    D'avoir été changés en rochers et en pierre,
    Avant que la beauté qui me livre la guerre
    Eût fait voir en naissant des effets amoureux.

    Car, depuis que ses yeux, ces astres rigoureux,
    Eurent de feux, d'attraits, rempli l'air et la terre,
    Il n'est rien de vivant que son regard n'enferre
    Et ne fasse mourir...

  • Quand viendra l'heureux temps que je sacrifiré
    Mon corps sur votre autel que saint Désir dédie,
    Que j'épandrai mon sang en mémoire infinie
    D'avoir par une erreur si longtemps soupiré ?

    Quand viendra l'heureux jour que je vous offriré
    Un bénit cierge ardent avec cérémonie,
    Étant à deux genoux près de vous accomplie,
    Afin d'avoir pitié de mon coeur...

  • Heureux celui qui peut longtemps suivre la guerre
    Sans mort, ou sans blessure, ou sans longue prison !
    Heureux qui longuement vit hors de sa maison
    Sans dépendre son bien ou sans vendre sa terre !

    Heureux qui peut en cour quelque faveur acquerre
    Sans crainte de l'envie ou de quelque traïson !
    Heureux qui peut longtemps sans danger de poison
    Jouir d'un...