Ô Songe heureux et doux ! où fuis-tu si soudain

Ô Songe heureux et doux ! où fuis-tu si soudain,
Laissant à ton départ mon âme désolée ?
Ô douce vision, las ! où es-tu volée,
Me rendant de tristesse et d'angoisse si plein ?

Hélas ! Somme trompeur, que tu m'es inhumain !
Que n'as-tu plus longtemps, ma paupière sillée ?
Que n'avez-vous encore, ô vous, troupe étoilée,
Empêché le soleil de commencer son train ?

Ô Dieu ! permettez-moi que toujours je sommeille,
Si je puis recevoir une autre nuit pareille,
Sans qu'un triste réveil me débande les yeux.

Le proverbe dit vrai : Ce qui plus nous contente
Est suivi pas à pas d'un regret ennuyeux :
Et n'y a chose aucune en ce monde constante.

Collection: 
1576

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