• I

    Lanqand li jorn son lonc en may,
    M'es bels douz chans d'auzelhs delonh,
    E qand me sui partitz de lay
    Remembra.m d'un amor de lonh,
    Vauc de talan enbroncx e clis
    Si que chans ni flors d'albespis
    No.m platz plus que l'yverns gelatz.

    II

    Ben tenc lo seignor per veray
    Per q'ieu veirai l'amor de lonh,
    Mas per un ben qe me n'...

  • Lanquan lo temps renovelha
    e par la flors albespina,
    ai talant d'un chant novelh
    qu'ieu sai cum lo chans refri
    (...)
    (...) ;
    doussament per miey la bruelha
    lo rossinhol s'esbaudeya.

    E quand lo bosc reverdeya,
    nays fresca e vertz la fuelha,
    adoncas ieu reverdey
    de joy e florisc cum suelh,
    ab lo dous chan del mati
    ...

  •  
    Entre la ronce et la caverne
    Un curé va pieusement ;
    Il porte le saint-sacrement
    Au moribond de la taverne.

    Devant ses pas une citerne
    Ébauche un affreux bâillement :
    Entre la ronce et la caverne
    Un curé va pieusement.

    Mais voilà que dans la nuit terne
    Une étoile subitement
    Se décroche du firmament,
    Et fait l’office de...

  •  
    Il est des villes qui sont fières
    De se changer en cimetières
    Plutôt que de voir outrager
    Leurs foyers, leurs maisons, leurs rues,
    Et leurs morts, ombres apparues
    Terribles devant l’étranger !

    Elles n’ont qu’un mot : résistance !
    Elles donnent leur existence
    Stoïquement et gravement ;
    La grande âme de la patrie
    Vit...

  • Unis dès leurs jeunes ans
    D'une amitié fraternelle,
    Un lapin, une sarcelle,
    Vivaient heureux et contents.
    Le terrier du lapin était sur la lisière
    D'un parc bordé d'une rivière.
    Soir et matin nos bons amis,
    Profitant de ce voisinage,
    Tantôt au bord de l'eau, tantôt sous le feuillage,
    L'un chez l'autre étaient réunis.
    Là, prenant...

  • Te souviens-tu, disait Laripopée,
    Au chiffonnier qui ramassait son pain ;
    Te souviens tu, qu’un jour à la Rapée
    Tu détournas un bâton de mon sein ?
    Pour les jupons d’une femme un peu traître
    A coups de poing nous avons combattu,
    Je m’en souviens, tu m’as sauvé Bicêtre,
    Mais toi, Fanfan, dis-moi, t’en souviens-tu ?

    Te...

  •  
    Le crâne des souffrants vulgaires
    Est un ciel presque jamais noir,
    Un ciel où ne s’envole guères
    L’abominable désespoir.

    Chaque nuage qui traverse
    En courant cet azur qui luit,
    Se crève en une douce averse
    Apaisante comme la nuit.

    Une pluie exquise de larmes
    Sans efforts en jaillit à flots,
    Éteignant le feu des alarmes...

  •  

    J’AURAI cinquante ans tout à l’heure ;
    Je m’y résigne, Dieu merci !
    Mais j’ai ce très grave souci :
    Plus je vieillis, et moins je pleure.

    Je souffre pourtant aujourd’hui
    Comme jadis, et je m’honore
    De sentir vivement encore
    Toutes les misères d’autrui.

    Oh ! la bonne source attendrie
    Qui me montait du cœur aux yeux...


  • ...

  •  
    Grâce, grâce, suspends l’arrêt de tes vengeances
    Et détourne un moment tes regards irrités.
    J’ai péché, mais je pleure ; oppose à mes offenses,
    Oppose à leur grandeur celle de tes bontés.

    Je sais tous mes forfaits, j’en connais l’étendue
    En tous lieux, à toute heure, ils parlent contre moi ;
    Par tant d’accusateurs mon âme confondue
    Ne prétend...