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    Istar, Dame du ciel qui juges les héros,
    Reine au palais gardé par de divins taureaux,
    Amour du Sennaar, gloire de la Chaldée,
    Mon âme par la peur affreuse est obsédée
    Lorsque je me souviens, déesse au noble corps,
    Qu’un jour tu descendis dans la terre des morts.
    Étoile de l'Euphrate, ô lumière de vie,
    Grâce à toi l’air rayonne et le sol...

  • Italie, Italie, oh terre si féconde !
    Toi, qui sus enfanter tant de fils glorieux,
    Toi, qui fus si longtemps la lumière du monde,
    Nos maîtres ont vécu sous l'azur de tes cieux.

    Les uns à l'âme forte, ardente, furibonde :
    Et Dante, et Michel-Ange et Tintoret le vieux
    Les autres, plus humains, faits de tendresse blonde
    Pétrarque, Raphaël ou Giotto le...

  • L’IVRESSE

    Étaient placés, face à face, dans ce caveau,
    Au long des murs, sur double rang, trente tonneaux.

    Jadis, un vieux marin qui sculptait des navires,
    Les avait blasonnés aux armes de l’Empire.

    Ils reposaient dans l’ombre, et leur ventres songeaient
    Aux grands buveurs dont les gosiers les allégaient...

  • Sur une roue infatigable,
    Qu’emporte un vague tourbillon,
    Je vois rouler comme le sable
    Au vent fougueux de l’aquilon,
    Autour de moi, voûtes brûlantes,
    Spectres confus, ombres volantes,

    Hymnes funèbres, chants hideux
    … Et toujours la roue inflexible
    Qui tourne, tourne irrésistible
    À travers l’abîme orageux !

    Quels oiseaux, en...

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    Autres titres : Le Conscrit ou Le retour du conscrit

    J'avions reçu commandement
    De partir pour la guerre.
    Je ne me soucions point pourtant
    D'abandonner not' mère
    Pourtant l'a ben fallu
    ...

  • J’ai été visiter la vieille maison triste
    du village où vécurent les anciens parents :
    la route en cabriolet, pleine de soleil
    était toute triste et douce comme le miel.
    Il y avait la plaine bleue et des pigeons
    qui volaient le long des labours que nous longions.
    La jument était bien vieille et bien fatiguée.
    Elle me faisait de la peine et semblait...

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    J’ai beau comme un imbécile
    Regarder dans ma maison,
    Si bien qu’on dit dans la ville
    Que j’ai perdu la raison,

    J’ai beau chercher ; elle est morte.
    Elle ne reviendra pas.
    Elle est partie, et la porte
    Est encore ouverte, hélas !

    Je tressaille quand on sonne.
    Je l’attends, j’en fais l’aveu.
    Où sont ces beaux jours d’automne...

  • J’ai feint que des Dieux m’aient parlé ;
    Celui-là ruisselant d’algues et d’eau,
    Cet autre lourd de grappes et de blé,
    Cet autre ailé,
    Farouche et beau
    En sa stature de chair nue,
    Et celui-ci toujours voilé,
    Cet autre encor
    Qui cueille, en chantant, la ciguë
    Et la pensée
    Et qui noue à son thyrse d’or
    Les deux serpents en caducée...

  • J’ai songé bien des fois à mon lointain ancêtre,
    A celui qui reçut le nom qu’il m’a légué
    Du sordide troupeau de porcs qu’il menait paître
    Dans la forêt obscure et, de là, boire au gué.

    La vase des marais en séchant sur sa guêtre
    Alourdissait, le soir, son grand pas fatigué,
    Ou bien le gueux courait les bois pieds nus peut-être,
    Hirsute, à demi-fol et...

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    J’ai vécu dans mon rêve au milieu des guerrières,
    Dont les cothurnes d’or foulaient les lys domptés ;
    Des cris sacrés sortis des féeriques clairières
    Couvraient pour moi la voix des mauvaises cités.

    Avec leurs boucliers étoiles d’améthystes,
    Avec leurs étendards ardents et parfumés,
    J’ai vu les bataillons des amazones tristes
    Qui pleuraient de...