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    Ô reine de mes bien-aimées,
    Apprends que je les ai nommées
    Des reines aussi tour à tour ;
    Chacune est belle et ne ressemble
    À nulle autre, et toutes ensemble
    Tu les as fait pâlir un jour.

    J’aime toujours plus chaque amante ;
    Mais plus profondément charmante
    ...

  •         Inconstance, affreux sentiment,
            Je t’implorais, je te déteste.
    Si d’un nouvel amour tu me fais un tourment,
    N’est-ce pas ajouter au tourment qui me reste ?
        Pour me venger d’un cruel abandon,
    Offre un autre secours à ma fierté confuse ;
    Tu flattes mon orgueil, tu séduis ma raison ;
    Mais mon cœur est plus tendre, il échappe à ta ruse...

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    Lorsque, vaincu d’un seul regard, je t’ai suivie,
    Plus d’un m’a dit : « Encore ? À quarante ans passés ! »
    Soit. J’ai des cheveux gris aux tempes, je le sais ;
    Mais ma soif de tendresse est loin d’être assouvie.

    Celui-là qui me blâme, au fond du cœur m’envie.
    Non ! je n’ai pas assez vécu, souffert assez,
    Et je vaux mieux que vous, jeunes vieillards...

  • Tout frissonnant d'amour, d'extases, de splendeurs,
    L'hymne universel chante au fond des profondeurs
    Avec toutes les fleurs et toutes les étoiles ;
    Il chante Dieu rêvant sous les flamboyants voiles ;
    Il chante ; il est superbe, éclatant, triomphant,
    Doux comme un nid d'oiseau dans la main d'un enfant ;
    Il enivre l'azur, il éblouit l'espace ;
    Il adore...

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    L’INDIEN.

    Jeune et noble héritier du zèle apostolique,
    Que le seul dévoûment poussa vers l’Amérique ;
    Intrépide exilé, Missionnaire ardent,
    Que l’espoir du martyre, un jour, en t’arrachant
    De la famille en deuil, et du natal rivage,
    Attira vers les bois de mon Pays sauvage ;
    Que fais-tu dans la ville, apôtre des forêts ?
    Que fais-tu si...

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    Quand la France, épuisée aux luttes de la guerre
    Et cherchant dans la paix un repos salutaire,
    Essuya son épée et la mit au fourreau,
    Muses et liberté, magnifique troupeau,
    Parurent à ses yeux, et leur splendeur divine
    D’une nouvelle ardeur fit battre sa poitrine.

    Alors si Lamartine, essayant son essor,
    Montait à l’horizon, bel astre aux...

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    Que n'ai-je à te soumettre ou bien à t'obéir ?
    Je te vouerais ma force ou te la ferais craindre ;
    Esclave ou maître, au moins je te pourrais contraindre
    A me sentir ta chose ou bien à me haïr.

    J'aurais un jour connu l'insolite plaisir
    D'allumer dans ton coeur des soifs, ou d'en éteindre,
    De t'être nécessaire ou terrible, et d'atteindre,
    Bon...

  • Sur la place, entouré des gros bonnets du bourg,
    Écoutant l’œil figé, bras pendants, bouche ouverte,
    Un gars qu’un bégaiement, par instants, déconcerte,
    Lit tout haut le journal du jour.

    Il s’agit d’un ménage ayant tué son fieu,
    D’affreux parents maudits de la nature,
    ...

  •         Dans la paix triste et profonde
            Où me plongeait ce séjour,
            J’ignorais qu’au bruit du monde
            On peut oublier l’amour :
    Quelle est donc cette voix importune et cruelle
    Qui déjà me détrompe avec un ris moqueur ?
    Comme une flèche aiguë elle siffle autour d’elle,
    Et le trait qu’elle porte a déchiré mon cœur.

            Au...

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    L’Indulgence est tendre, elle est femme.
    Ceux qu’un faux pas, même expié,
    Dans le monde à jamais diffame,
    Lavent leur front dans sa pitié.

    Humble sœur aux longues paupières,
    Pour l’homme, fût-il criminel,
    Tandis qu’on lui jette des pierres,
    Elle garde un pleur fraternel.

    S’approchant du cœur plein de fange,
    De scorie épaisse et...