• Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom,
    Esprit mystérieux, mortel, ange ou démon,
    Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie,
    J’aime de tes concerts la sauvage harmonie,
    Comme j’aime le bruit de la foudre et des vents
    Se mêlant dans l’orage à la voix des torrents !
    La nuit est ton séjour, l’horreur est ton domaine :
    L’aigle, loin des déserts,...

  • Ô Maître centenaire assis sur ta terrasse !
    Le Monde depuis tant de jours est sous ta loi
    Qu’il a presque oublié quelle heure te fit Roi,
    Et ton profond regard, où couve l’ombre, embrasse
    Les horizons conquis par le glaive et la foi.

    Des plateaux de l’Iran jusqu’au Touran des steppes,
    Liant, comme des bœufs, les peuples subjugués,
    Tu marches sur le...

  •  
    Jeté par le hasard sur un vieux globe infime,
    A l’abandon, perdu comme en un océan,
    Je surnage un moment et flotte à fleur d’abîme,
    Épave du néant.

    Et pourtant, c’est à moi, quand sur des mers sans rive...

  • Eh bien ! reprends-le donc ce peu de fange obscure
    Qui pour quelques instants s’anima sous ta main ;
    Dans ton dédain superbe, implacable Nature,
    Brise à jamais le moule humain.

    De ces tristes débris quand tu verrais...

  •  

    Maître Christian Loftel n’a d’état que celui
    De faire des cercueils pour les mortels ses frères,
    Au fond d’une boutique aux placards funéraires
    Où depuis quarante ans le jour à peine a lui.

    À cause de son air étrange, nul vers lui
    Ne vient : il a le froid des urnes Cinéraires.
    Parfois, quelque homme en deuil discute des parères
    Et retourne,...

  •  
    La terre est chaude encor de son passé divin.
    Les dieux vivent dans l’homme, ainsi que dans le vin
    L’ivresse couve, attend, palpite, songe et bout
    Avant de se dresser dans le buveur debout
    Qui sent monter en lui, de sa gorge à son front,
    Et d’un seul trait, sa flamme brusque et son feu prompt.
    Les dieux vivent en l’homme et sa chair est leur cendre....

  • " Je vous abhorre, ô dieux ! Hélas ! Si jeune encore,
    Je puis déjà ce que je veux !
    Accablé de vos dons, ô dieux, je vous abhorre.
    Que vous ai-je donc fait pour combler tous mes voeux ?

    " Du détroit de Léandre aux colonnes d'Alcide,
    Mes vaisseaux parcourent les mers ;
    Mon palais engloutit, ainsi qu'un gouffre avide,
    Les trésors des cités et les...

  • Mieux vaut la liesse,
    Amour et simplesse
    De bergers pasteurs,
    Qu’avoir à largesse
    Or, argent, richesse,
    Ni la gentillesse
    De ces grands seigneurs.
    Martial de Paris. —

    Une douce et fidèle amie,

    Heureuse ainsi que moi dans un tout petit coin.

    —...

  •  

    LE père Éloi, l’ancien compagnon charpentier,
    ― Autrefois un fameux homme dans son métier, ―
    N’avait que soixante ans sonnés, pas davantage.
    Mais pour un ouvrier, déjà c’est un grand âge.
    Étant connu sur tous les chantiers cependant,
    Il vécut assez bien jusqu’à son accident.
    Mais, l’automne dernier, ― il se sentait patraque
    ...

  •  
    I

    L’heure a sonné pour moi, l’heure qui me délivre
    De mille visions troublantes que j’aimais.
    Heure sereine et grave : il faut, après ce livre,
    Parler virilement ou me taire à jamais.

    J’ai trente ans. Je suis las, mais plein de vie encore.
    Mon cœur tumultueux lentement s’est calmé.
    Fuyant la passion aveugle qui dévore,
    J’ai trouvé mon...