Emportés par le vent, de grands nuages sombres
Sur la cime des bois traînent sans bruit leurs ombres.
Le ciel est dépouillé de sa robe d’azur.
Le fleuve, en gémissant, roule un flot plus obscur.
C’est novembre qui vient. Une blanche gelée
Sous ses baisers de glace a flétri la vallée,
Et, d’un ruban d’argent étoilé de cristaux,
Elle a partout...
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Adieu donc les beaux jours ! Le froid noir de novembre
Condamne le poëte à l’exil de la chambre.
Où riaient tant de fleurs, de soleil, de gaîté,
Rien, plus rien ; tout a fui comme un songe d’été.
Là-bas, avec sa voix monotone et touchante,
Le pâtre seul détonne un vieux noël ; il chante,
Et des sons fugitifs le vent capricieux
M’apporte la moitié ; l’... -
Les pampres du printemps et le vin de l’automne
Ont perdu le parfum qui jadis me fut cher :
Je veux l’haleine chaste et le silence amer,
Les brumes et la glace et l’ombre de l’Hiver.Je ne tresserai plus l’irréelle anémone,
Je n’écouterai... -
Sous le tranquille azur du plus doux des climats,
Une humble maisonnette au bord de la Dumas ;
Une humble maisonnette aux persiennes blanches,
Sous un réseau fleuri de liane et de branches,
Où je puisse, à midi, rêvant au bruit des eaux,
Mêler ma poésie aux rimes des oiseaux ;
A droite, une rizière où le bengali chante ;
D’un vieil arbre, à mon... -
Quel rire entendons-nous au fond du noir abîme ?
Satan aurait-il donc inventé quelque crime ?
Un juste est-il tombé ? L’impitoyable mort
A-t-elle d’un pécheur fixé le triste sort ?Sur un trône élevé qu’entourent ses ministres,
Démons aux yeux de flamme, aux sourires sinistres,
Lucifer tient conseil. Contre le roi du ciel
Il décoche, jaloux,... -
C’est l’An de grâce mil six cent dix-neuf, le seize
De juillet, en un vaste et riche diocèse
Primatial. Le ciel est pur et rayonnant.
Bourdons et cloches vont sonnant et bourdonnant.
La Ville en fête rit au clair soleil qui dore
Ses... -
Décembre a noirci l’if et gelé le bassin,
Le buis silencieux est saupoudré de givre,
L’aurore est d’acier clair et le couchant de cuivre,
Le vent, qui rôde, hurle et mord l’Amour au sein.La Déesse frissonne et le lierre assassin
Étouffe la statue à la gorge. Un Faune ivre
Voit l’outre se durcir, et son pas qui veut suivre
La Nymphe, sent... -
Il existe des fleurs qui, sur des bords déserts,
De parfums enchantés n’embaument que les airs ;
Sous des cieux inconnus, des sources favorables,
Qui pourraient nous guérir, et meurent dans les sables ;
Mais peut-être qu’un jour, de propices vaisseaux
Viendront nous enrichir de ces trésors nouveaux.
Semblables à ces fleurs, à ces eaux ignorées,... -
Je suis couché tout de mon long sur son lit frais:
Il fait grand jour; c'est plus cochon, plus fait exprès
Par le prolongement dans la lumière crue
De la fête nocturne immensément crue
Pour la persévérance et la rage du cu
Et de ce soin de se faire soi-même cocu.
Elle est à poil et s'accroupit sur mon visage
Pour se faire gamahucher, car je fus sage... -
Homme dont la tristesse est écrite d’un bout
Du monde à l’autre, et même aux murs de la campagne,
Forçat de l’hôpital et malade du bagne ;Dormeur maussade, à qui chaque aube dit : « Debout ! »
Voyageur douloureux qu’attend la Mort, auberge
Où l’on vend le lit dur et les pleurs blancs du cierge,Tu gémis, étonné de te sentir si las ;
Puis un jour tu...