Les pampres du printemps et le vin de l’automne
Ont perdu le parfum qui jadis me fut cher :
Je veux l’haleine chaste et le silence amer,
Les brumes et la glace et l’ombre de l’Hiver.
Je ne tresserai plus l’irréelle anémone,
Je n’écouterai plus le rythme monotone
Des forêts sans déclin que le Soleil couronne
D’opales, de rubis et de l’or souverain.
Mais je m’inspirerai du tragique refrain
Du vent qui jette au ciel ses révoltes d’airain,
Qui rôde en sanglotant près de l’âpre serein,
Comme Dante implorant la paix du monastère.
O Neiges où la soif du Blanc se désaltère !
Toute virginité recèle le mystère,
La crainte et l’infini du rêve solitaire.
J’écarterai les fruits des jardins de l’Été,
Car l’incomplète ivresse au regard hébété
Ne verse point l’oubli des flots purs du Léthé,
Car la Neige où la soif du Blanc se désaltère
Seule éteindra l’ardeur de mon anxiété…
Dans le noble infini du rêve solitaire,
J’oublierai la ferveur des amours de l’Été.