Hoc erat in votis

 
Sous le tranquille azur du plus doux des climats,
Une humble maisonnette au bord de la Dumas ;
Une humble maisonnette aux persiennes blanches,
Sous un réseau fleuri de liane et de branches,
Où je puisse, à midi, rêvant au bruit des eaux,
Mêler ma poésie aux rimes des oiseaux ;
A droite, une rizière où le bengali chante ;
D’un vieil arbre, à mon seuil, l’attitude penchante,
Où, tous les ans, viendront les martins au bec d’or
Suspendre leurs doux nids et couver leur trésor ;
Un jardin clos d’un mur où rampe la raquette ;
Une ruche et des fleurs dont l’oiseau vert becquette
La poudreuse étamine et l’odorant émail ;
Des buissons d’orangine aux perles de corail ;
Un parterre où toujours j’aurai de préférence,
Des roses du Bengale et des muguets de France ;
Une tonnelle verte à l’ombre des lilas,
Dont la fleur m’est si douce et meurt si vite, hélas !
Des livres, une femme, heureuse et jeune épouse,
Avec deux beaux enfants jouant sur la pelouse ;
Et, fermant de mes jours le cercle fortuné,
Le bonheur de mourir aux lieux où je suis né !

Collection: 
1835

More from Poet

  •  
    Puisque en tes jours bénis de gloire et de puissance,
    Du pauvre jusqu’à toi franchissant la distance,
    Tu l’aidas de sa croix à porter le fardeau ;
    Et que, sourd aux instincts d’une opulence avare,
    Toi, prince, tu couvris les membres de Lazare
           Des plis...

  •  
    LA MÈRE

    Pourquoi jeter ta voix si paisible et si douce
    A travers ces rumeurs d'un siècle aux fortes voix ?
    Ami, crois-moi, résiste au démon qui te pousse ;
    Laisse tes faibles chants, comme l'eau sur la mousse
    Laisse tes chants couler à l'ombre de nos...

  •  
    La vipère du mal a mordu ta pensée,
    Poète, et dans ton sein la colombe blessée
    Palpite. Apaise-toi ; ferme ton noble cœur
    Aux stériles conseils d’une aveugle douleur.
    Souffre ; laisse venir les heures vengeresses.
    Mais pour le Mal alors plus de pitiés...

  •  
    Marie, ô douce enfant aux grands yeux de gazelle,
    Qui naquis sur un sol où croissent les palmiers ;
    Toi dont l’âme charmante et les songes premiers
    Se sont ouverts, bercés à la voix fraternelle
             Des bengalis et des ramiers !

    O douce enfant ! ta vie...

  •  
    Loin d’ici veux-tu fuir ? pauvre couple enchaîné,
    Veux-tu nous envoler vers l’île où je suis né ?
    Je suis las de contrainte et de ruse et d’entrave.
    Le ciel ne m’a point fait avec un cœur d’esclave !
    Me cacher pour te voir, pour t’aimer, ô tourment !
    Je veux...