• La Tristesse enfin devient bonne
    Quand l’ombre efface le passant
    Qui, sans vouloir être blessant,
    D’un regard crochu vous harponne.

    Dans le mystère de ces chants
    Et de ces murmures des champs,
    Dans ce silence qui marmonne,
    La Tristesse enfin devient bonne.

    Puis, de ses ors, de ses argents,
    Le soir pompeux vous environne,
    Par degrés...

  •  

             LES tics-tacs hâtifs des pendules
             Se répondent dans la maison
    Tranquille, où par la vitre entre le crépuscule,
             Naissant, là-bas, à l’horizon.

             Le silence s’aggrave d’ombre,
             L’intimité s’approfondit
    De tout le charme triste et doux que la pénombre
             Avec mystère répandit.

             ...

  •  

    Le soleil a clos sa paupière
    À l’horizon tout frangé d’or.
    Déjà l’ombre crépusculaire
    Estompe le lac qui s’endort.

    Pas un lambeau de vent ne rase
    Le tapis transparent des eaux,
    Le flot indolent tout bas jase
    Avec le sable et les roseaux.

    Pas un cri ne rompt le silence
    Qui plane sur l’immensité.
    La tiède nuit de mai s’avance...

  • S’IL est une heure douce entre toutes les heures,
    Une heure où rien d’amer en vous ne soit resté,
    Où les choses qu’on aime apparaissent meilleures,
    Où l’on arrive à Dieu par la félicité ;

    C’est quand la bien-aimée, entre vos bras étreinte,
    Ne voulant rien encor, mais près de tout vouloir,
    Répondant au désir par une douce plainte,
    Pensive, en s’en...

  • Oh ! la tristesse langoureuse
    Du ciel vespéral de Paris,
    Tendu de pâle satin gris
    Ainsi qu’un boudoir d’amoureuse !

    De lumineux brouillards flottants
    Estompent l’angle des toitures,
    Nul pli ne ride les tentures
    Que suspend le...

  •  
    Près d’une porte où luit du sang, sur les battants,
    Mon cœur, là-bas, est haletant ;
    Près d’une porte, en des sous-sols, voisins de havres,
    Mon cœur surveille au loin de terribles cadavres.

    Ce sont des morts qu’on y apporte,
    À bras d’hommes ou sur des brancards noirs ;
    Des morts anciens qu’on apporte, le soir,
    Et que l’on...

  •  
    L’âme, comme le ciel, a ses jours de ténèbres.

    Laissons au gré des flots dériver le navire,
    Les bords des deux côtés sont hérissés d’écueils ;
    Des deux côtés s’étend le ténébreux empire
    D’une plus vaste nuit que la nuit des cercueils.

    Qu’il aille s’échouer au pied du mausolée
    Où dort l’orgueil éteint du plus puissant des rois ,...

  •  
    Heure sainte du soir, que j’aime ton mystère,
    Où l’on sent palpiter quelque chose d’austère,
    Quelque chose qui touche à la divinité !
    La terre est près du ciel, dans ces heures dernières,
    A ce moment auguste où les grandes lumières
    Se fondent au couchant avec l’obscurité.

    La nacre, le carmin, le violet, l’orange,
    Se mêlent lentement à l’air d’...

  • Partout, de loin en loin, de proche en proche,

    Et pour les morts et les saints,
    Et pour les hiers et les demains,
    Partout sonnent, sur les chemins,
    Et dans l’écho ricochent,
    Les cloches.

    L’heure est triste : les champs, les champs s’en vont mourir
    Brumes, recouvrez-les de vos étoupes lourdes ;
    Cloches,...

  •  
    Sous les portiques blancs de l’Olympe neigeux,
    Au seuil des augustes demeures,
    Auprès des Immortels qui contemplent leurs jeux,
    Veille le chœur brillant des Heures.

    Elles s’offrent la main, dansent, et tour à tour,
    La chevelure dénouée,
    Après la sombre Nuit font resplendir le Jour,
    En chassant l’épaisse nuée.

    Dans une aube de gloire, en...