L’Heure grise

Oh ! la tristesse langoureuse
Du ciel vespéral de Paris,
Tendu de pâle satin gris
Ainsi qu’un boudoir d’amoureuse !

De lumineux brouillards flottants
Estompent l’angle des toitures,
Nul pli ne ride les tentures
Que suspend le frileux printemps.

Et là-haut, sous la mousseline
Du crépuscule, transparaît
Un vaporeux soleil, discret
Comme une veilleuse câline.

Sur le grouillement des trottoirs
La nuit, douce et mièvre, se penche,
Comme une lente fille blanche
Caressant des lévriers noirs.

Tandis qu’en moi croissent les ondes
D’une enamourante langueur,
Dans l’ombre calme de mon cœur
Il pleut des souvenirs de blondes.

Collection: 
1890

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