Écoute ; — nous vivrons, nous saignerons, nous sommes
Faits pour souffrir parmi les femmes et les hommes,
Et nous apercevrons devant nos yeux, vois-tu,
Comme des monts, travail, honneur, devoir, vertu,
Et nous gravirons l'une après l'autre ces cimes ;
Quand nous serons en bas, loin des sommets sublimes,
Nous dresserons nos fronts ; mais, en haut, nos...
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Le magique soleil sur les hauteurs pensives
Fait luire et triompher tous ces grands linges blancs
Qui, chevauchant leur corde au sortir des lessives,
Y sèchent, tour à tour inertes et tremblants.Ils apparaissent purs, ardents, frais et joyeux,
Au loin, flottant rappel des gloires printanières,
Bleutés, rosés, baignés d’azur et de lumière,
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À l’auberge des « Cent Frelons »,
Dont l’ample hôtesse, à la prime aube, entasse
En son corset trop dur, sa poitrine trop grasse,
Une vessie ample et falote,
Au bout d’un bâton longBallotte.
Octobre est loin, voici Toussaint et puis Noël ;Et les boudins...
Au loin sous une brume aux épaisseurs profondes,
L'œil, dans l'obscurité, plus bas que tous les mondes,
Voit vaguement des fronts énormes s'agiter.
Tâchant encor d'aider l'homme et de l'assister,
Ils sont tous là, pensifs, sur de ténébreux trônes,
Les guides des Sions, des Tyrs, des Babylones,
Tous ceux que la nature et l'art ont pour docteurs,...Dures grenades entr’ouvertes
Cédant à l’excès de vos grains,
Je crois voir des fronts souverains
Éclatés de leurs découvertes !Si les soleils par vous subis,
Ô grenades entre-bâillées
Vous ont fait d’orgueil travaillées
Craquer les cloisons de rubis,Et que si l’or sec de l’écorce
À la demande d’une force
Crève...
En ramassant un fruit dans l’herbe qu’elle fouille,
Chloris vient d’entrevoir la petite grenouille
Qui, peureuse, et craignant justement pour son sort,
Dans l’ombre se détend soudain comme un ressort,
Et, rapide, écartant et rapprochant les pattes,
Saute dans les fraisiers, et, parmi les tomates,
Se hâte vers la mare, où, flairant le danger,
...
À mon ami Paul Haag.
Mon histoire, messieurs les juges, sera brève.
Voilà. Les forgerons s’étaient tous mis en grève.
C’était leur droit. L’hiver était très dur ; enfin,
Cette fois, le faubourg était las d’avoir faim.
Le samedi, le soir du payement de semaine,
On me prend doucement par le bras, on m’emmène
Au...Oui, les tailleurs sont en grève,
C'est bien décidé ;
Ils laissent, c'était leur rêve,
L'aiguille et le dé ;
Les ouvriers, bien qu'ingambes,
Ne travaillent pas :
Au lieu de s' croiser les jambes,
Ils s' croisent les bras.Pourtant le veston, je gage,
Pouvait passer pour
N' pas leur donner grand ouvrage,
Tant il était court ;...
À Alphonse Lemerre.Ce soir, la pleine lune éclaire notre monde.
De l’abîme des flots elle sort large et ronde.
Presque au ras de la mer, elle est rouge d’abord ;
Mais son orbe jaunit, et la grande marée
Dans son rayonnement monte en houle dorée,
Et roule ses lueurs jusqu’aux grèves du bord.On voit comme en plein jour sur la courbe...
Charle a fait des dessins sur son livre de classe.
Le thème est fatigant au point, qu'étant très lasse,
La plume de l'enfant n'a pu se reposer
Qu'en faisant ce travail énorme : improviser
Dans un livre, partout, en haut, en bas, des fresques,
Comme on en voit aux murs des alhambras moresques,
Des taches d'encre, ayant des aspects d'animaux,
Qui...