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    Je suis tombé des cieux ardents de ma pensée,
    Et je gis, faible et nu, sous la haine glacée
    Du seuil où se brisa l’orgueil des chars de feu,
          Comme, en l’horreur qui le protège,
    Gît le cadavre foudroyé du sacrilège
    Qu’ont jeté dans la nuit les vengeurs de leur Dieu.

    J’ai voulu m’évader de moi-même, et connaître
    La réalité pure et l’...

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    « Courbez, courbez les reins, tendez le dos, soldats,
    Et vous, soldats-bourreaux, frappez à tour de bras ;
    Frappez, n’épargnez point ces robustes épaules ;
    Contre la discipline ils ont failli, les drôles. »
    Et l’homme, enfant du ciel, image du Très-haut,
    S’est, comme l’animal, courbé sans dire un mot ;
    Et l’instrument cruel, armé de ses neuf queues,...

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    Avant le lever du soleil,
    Quand aux yeux il n’apporte encore
    Qu’un pressentiment de l’aurore,
    Et qu’il blanchit plus qu’il ne dore
    Les champs émus d’un lent réveil,

    Au jour qui commence de croître,
    La vitre luit sous les barreaux,
    Et lés colonnettes du cloître
    Sentent l’ombre des passereaux ;

    Le laurier, la rose trémière,
    ...

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    Ô vision d’un soir et la royale escorte
    Des archanges joueurs de harpe et des cent vierges...
    Mais le ciel des élus a refermé sa porte ;

    C’est dans l’aube d’argent la mort lente des cierges...
    Et la banalité des choses et des hommes,
    Cloaque où pour jamais, pauvre cœur, tu t’immerges.

    Brise ton crucifix, sème au vent les atomes
    De l’Idéal...

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    L’envoi des vers suivants était accompagné de ces mots :
    « Puisque vous voulez des vers qui, détachés du reste, ne
    signifient absolument rien, je vous envoie ceux-ci ; agréez,
    Madame, cet envoi comme la preuve irrécusable de mon
    obéissance et de ma parfaite abnégation. »

    Il se terminait ainsi : « Vous voyez bien que vous n’en savez
    ...

  •                   LA POÉSIE.
    Quoi ! par de vains accords et des sons impuissants,
    Vous croyez exprimer tout ce que je sais dire ?
                     LA MUSIQUE.
       Aux doux transports qu’Apollon vous inspire
    Je crois pouvoir mêler la douceur de mes chants.
                      LA POÉSIE.
       Oui, vous pouvez au...

  • Sur l’eau pure du lac, dans la lueur du soir,
    –––––Le reflet d’un temple s’allonge.
    La fille de Corinthe y vient, et va s’asseoir
    –––––À l’escalier qui dans l’eau plonge.
    Elle...

  • Lorsque la solitude et la mélancolie
    De leurs vagues tourments torturent ma langueur
    Et me font souvenir de tout ce qui m’oublie
    En murmurant tout bas : « Amour, gloire et bonheur, »
    Comme avec un ami qui comprend votre peine
    Et dont le cœur ému bat en vous répondant,
    Mon chagrin, ignoré de Wilhelm et d’Hélène,
    S’épanche et se console avec ce...