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    À Léopold Flameng.

    Tous les ducs morts sont là, gloire d’acier vêtue,
    Depuis Othon le Saint jusqu’à Job le Frugal ;
    Et devant eux, riant son rire musical,
    L’enfant à soulever des armes s’évertue.

    Chaque armure, où l’aïeul se survit en statue
    Sous la fière couronne et le cimier ducal,
    Joyeuse reconnaît d’un regard amical
    Sa race,...

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    I

    Je ne puis plus aimer ; le souffle d'une femme
    Ne fera plus frémir mon cœur maintenant froid,
    Car, il a fui, ce temps où deux yeux en mon âme
    Allumaient un désir mêlé d'un vague effroi :

    Vieillard de trente étés, mon cœur n'a plus de flamme :
    Je m'en vais las, courbé, sans joie et sans émoi :
    Le colombe roucoule et l'amante se pâme,
    ...

  • Fin

    I

    Ainsi d'un peuple entier je feuilletais l'histoire !
    Livre fatal de deuil, de grandeur, de victoire.
    Et je sentais frémir mon luth contemporain,
    Chaque fois que passait un grand nom, un grand crime,
    Et que l'une sur l'autre, avec un bruit sublime,
    Retombaient les pages d'airain.

    Fermons-le maintenant, ce livre formidable....

  • Oh ! combien de marins, combien de capitaines
    Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
    Dans ce morne horizon se sont évanouis !
    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Combien de patrons morts avec leurs équipages !
    L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages
    ...

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    Le rossignol n’est pas un froid et vain artiste
    Qui s’écoute chanter d’une oreille égoïste,
    Émerveillé du timbre et de l’ampleur des sons :
    Virtuose d’amour, pour charmer sa couveuse,
    Sur le nid restant seule, immobile et rêveuse,
    Il jette à plein gosier la fleur de ses chansons.

    Ainsi fait le poëte inspiré. — Dieu l’envoie
    Pour qu’aux...

  • Saint Laurent fut un grand martyr.
    Les païens le firent rôtir
    Hélas ! comme une simple viande,
    Ou mieux, le mirent sur le gril.
    Ce dont il ne fut guère aigri,
    Car, si l’on en croit la légende,

    Il aurait même plaisanté.
    Se trouvant trop cuit d’un côté,
    Au bout de cinq à six minutes.
    Il dit : « Messieurs, retournez-moi,
    Sinon, je...

  • I

    « C’est trop longtemps errer ! Par ces champs, par ces bois,
    Par ces monts, où toi seule, ô Diane ! me vois,
    C’est marcher trop longtemps, appesanti par l’âge.
    A quoi me sert d’ailleurs cet éternel voyage ?
    Que sert de visiter sans cesse d’autres lieux,
    A qui porte la nuit dans le pli de ses yeux ?
    ...


  • ...

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    I

    Sur le tertre stérile où rien ne le protège,
    Le vieux Christ délabré pend à sa vieille croix
    Qui fléchit chaque jour un peu plus, sous son poids,
    Et sous le vent impitoyable qui l’assiège.

    Son bois décoloré s’est fendu par endroits,
    Sous les soleils, sous les averses, sous la neige ;
    Et, mutilés jadis par un bras sacrilège,
    Ses...

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    L’OISEAU reste muet, puisqu’il n’a plus de nid
    Dans le trou du vieux mur dont s’écroule la brèche.
    Nous faisons sous nos pas craquer la feuille sèche.
    Comme le soir vient tôt ! Comme le bois jaunit !

    La nature et nos cœurs ont un frisson subit.
    Dès le soleil tombé, monte une brume fraîche.
    Octobre est loin encor, mais comme il se...