• Rentre. Je ne vois plus ton visage. Rentrons.
    Il est trop tard déjà pour s’asseoir au perron
    Où la mousse est humide et la pierre mouillée.
    La serrure tend à nos mains sa clef rouillée ;
    La porte s’ouvrira toute grande pour nous
    Avec un bruit d’accueil que le soir fait plus doux ;
    Plus tard le gond rétif et le loquet rebelle
    Grinceraient, car toute...

  • La voyez-vous passer, la nuée au flanc noir ?
    Tantôt pâle, tantôt rouge et splendide à voir,
    Morne comme un été stérile ?
    On croit voir à la fois, sur le vent de la nuit,
    Fuir toute la fumée ardente et tout le bruit
    De l'embrasement d'une ville.

    D'où vient-elle ? des cieux, de la mer ou des monts ?
    Est-ce le char de feu qui porte les démons
    À...

  • Le petit feu follet qui danse devant moi,
    A l’air trop gracieux pour être un mauvais guide.
    Je ne lui prête aucune intention perfide,
    Et je crois sa lueur pleine de bonne foi.

    Rebrousser chemin ? non ! me défier ? pourquoi ?
    C’est ma route, et d’ailleurs le sol n’est pas humide.
    Le petit feu follet qui danse devant moi
    A l’air trop gracieux pour être...

  •  

    Par une nuit d’orage et sous un ciel en deuil,
    Parfois le paysan qui sort d’une veillée
    Aperçoit au détour de la route mouillée
    Un feu follet énorme et fixe comme un œil.

    S’il s’avance, domptant son effroi par orgueil,
    Le feu recule et semble, au fond de la feuillée,
    Par la brise de mer tordue et travaillée
    Une flamme d’alarme, au loin, sur...

  •  

    DIEU ! Je m’en vais au vent funeste qui me prend !
    Je suis toute petite et le vent est si grand !
    Ah ! je la pressentais cette suprême épreuve !
    Je m’en vais dans le vent comme au courant d’un fleuve,
    Chose menue et frêle avec des taches d’or !
    Je m’en vais, et mes sœurs sont aux branches encor !
    Si, comme les oiseaux à tous les vents rebelles,...

  •  

    TOUT est vert sous nos pas, sur nos fronts tout est vert !
    Aux jours du renouveau mon âme se recueille,
    Et je chante, inspiré par la douceur de l’air,
    La gloire des premières feuilles.

                                             * * *

    Les petites feuilles d’un jour,
    Tendres, à peine déplissées,
    Qui semblent faites de velours
    Pâle, et de...

  •  
    Ta robe lente, pas à pas, soulève et traîne
    Un bruit de feuilles d’or et de roses fanées,
    Et dans le crépuscule où finit la journée
    L’automne est las d’avoir entendu les fontaines.

    Si tu passes le long des eaux vastes et vaines,
    La statue, anxieuse et la tête inclinée
    Écoutant dans l’écho le pas de l’autre Année,
    Ne te reconnaît plus et te...

  •  
    J’aime entendre le vent qui sanglote dans l’ombre
    Durant les soirs brumeux de l’automne pâli,
    Lorsqu’il erre plaintif dans la campagne sombre
    Où le joyeux été repose enseveli.

    Fuyant de ses baisers les mortelles atteintes,
    Toutes les feuilles d’or quittent, d’un vol pressé,
    L’arbre qu’elles ornaient de leurs changeantes teintes
    Et qui demeure...

  •  
    .... Un jour je m’étais amusé à effeuiller une branche de saule
    sur un ruisseau, et à attacher une idée à chaque feuille que le
    courant entraînait.
    CHATEAUBRIAND.

    Un songe, un rien, tout lui fait peur.
    LA FONTAINE.

    L’air était pur ; un dernier jour d’automne,
    En nous quittant, arrachait la couronne
    Au front des bois ;...

  • Londe porte le poids des feuilles en détresse.
    Elles flottent au fil du courant… L’air est doux…
    Allons à la dérive… Errons, ô ma Maîtresse,
    Languissamment, au gré du fleuve ardent et roux.

    Le fleuve ensanglanté des feuilles en détresse
    ...