Dans la pâleur embaumée de ce soleil fou,
la chapelle des champs, vêtue d’un petit bois,
enferme le mystère de clarté et de joie.
Son clocher, comme un épi blanc mûr en Août,
tout poudroyant de la farine eucharistique,
domine les vallons bleus comme des cantiques.
Comme une flèche encor, dans le cœur de l’Eté,
par l’arc de l’horizon ce clocher est...
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Qui que tu sois, je t'en conjure,
Mets ton lit de l’autre côté.
Ne traîne pas ta couverture
Sur le sein déjà maltraité
De cette douce créature.
Un crayon plein d’habileté
Créa son aimable figure,
Qui respire la volupté.
Elle est belle, laisse-la pure.1843.
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ISix percherons égaux, blancs et nourris d’avoine,
Traînaient un chêne entier dont les cimes pendaient,
Et les larges pavés du faubourg Saint-Antoine
A chaque tour de roue en remuant grondaient.Les feuilles bruissaient et balayaient la rue
Dans un flot de poussière ; on entendait parfois
Grincer le cabestan, gémir l’énorme grue,
Les... -
À Jules Bonnassies.
Les deux petites sont en deuil ;
Et la plus grande, – c’est la mère, –
A conduit l’autre jusqu’au seuil
Qui mène à l’école primaire.Elle inspecte, dans le panier,
Les tartines de confiture
Et jette un coup d’œil au dernier
Devoir du cahier d’écriture.Puis comme c’est un matin...
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LA FEMME.
Nous n’avons plus d’argent pour enterrer nos morts.
Le prêtre est là, marquant le prix des funérailles;
Et les corps étendus, troués par les mitrailles,
Attendent un linceul, une croix, un remords.Le meurtre se fait roi. Le vainqueur siffle et passe.
Où va-t-il ? Au trésor, toucher le prix du sang.
Il en a bien versé ! mais... -
J’aime d’un fol amour les monts fiers et sublimes !
Les plantes n’osent pas poser leurs pieds frileux
Sur le linceul d’argent qui recouvre leurs cimes ;
Le soc s’émousserait à leurs pics anguleux ;Ni vigne aux bras lascifs, ni blés dorés, ni seigles ;
Rien qui rappelle l’homme et le travail maudit.
Dans leur air libre et pur nagent des essaims d’aigles,... -
Oh ! ne laissons jamais sous le doute énervant
Notre âme s’affaisser comme le flot au vent ;
Recevons, sans pâlir, les coups de la souffrance,
Que le bien seulement ait notre souvenir ;
Oublions le passé pour croire à l’avenir,
Et buvons en marchant le vin de l’espérance !Si l’orage ou le vent bat notre front mortel,
Ne craignons pas d’aller... -
Dans le chemin toujours trempé, tant y est épais
le feuillage visqueux de l’aulne amertume,
nous nous promènerons. Mais comme elle est plus grande
que moi, c’est elle qui écartera les branches
et elle encore qui mettra sur mon épaule
sa joue et ses yeux bleus qui fixeront le sol. -
Dans le ciel clair rayé par l’hirondelle alerte,
Le matin qui fleurit comme un divin rosier
Parfume la feuillée étincelante et verte
Où les nids amoureux, palpitants, l’aile ouverte,
À la cime des bois chantent à plein gosier
Le matin qui... -
XIV
La foule des vivants rit et suit sa folie,
Tantôt pour son plaisir, tantôt pour son tourment ;
Mais par les morts muets, par les morts qu’on oublie,
Moi, rêveur, je me sens regardé fixement.Ils savent que je suis l’homme des...