• En la forêt de Longue Attente
    Chevauchant par divers sentiers
    M'en vais, cette année présente,
    Au voyage de Desiriers.
    Devant sont allés mes fourriers
    Pour appareiller mon logis
    En la cité de Destinée ;
    Et pour mon coeur et moi ont pris
    L'hôtellerie de Pensée.

    Je mène des chevaux quarante
    Et autant pour mes officiers,
    Voire, par Dieu...

  • J'étais couché dans l'ombre au seuil de la forêt.
    Un talus du chemin désert me séparait.
    J'écoutais s'écouler près de moi, bruit débile,
    Une source qui sort d'une voûte d'argile.
    Par ce beau jour de juin brûlant et vaporeux
    L'horizon retenait des nuages heureux.
    Des faucheurs répandus à travers la prairie
    Abattaient ses remparts d'herbe haute et...

  • Forêt silencieuse, aimable solitude,
    Que j'aime à parcourir votre ombrage ignoré !
    Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
    J'éprouve un sentiment libre d'inquiétude !
    Prestiges de mon coeur ! je crois voir s'exhaler
    Des arbres, des gazons une douce tristesse :
    Cette onde que j'entends murmure avec mollesse,
    Et dans le fond des bois semble encor m'...

  • Depuis le jour antique où germa sa semence,
    Cette forêt sans fin, aux feuillages houleux,
    S'enfonce puissamment dans les horizons bleus
    Comme une sombre mer qu'enfle un soupir immense.

    Sur le sol convulsif l'homme n'était pas né
    Qu'elle emplissait déjà, mille fois séculaire,
    De son ombre, de son repos, de sa colère,
    Un large pan du globe encore...

  • Couché sous tes ombrages verts,
    Gastine, je te chante
    Autant que les Grecs, par leurs vers
    La forêt d'Érymanthe :

    Car, malin, celer je ne puis
    À la race future
    De combien obligé je suis
    À ta belle verdure,

    Toi qui, sous l'abri de tes bois,
    Ravi d'esprit m'amuses ;
    Toi qui fais qu'à toutes les fois
    Me répondent les Muses ;...

  • On voit ce grand fond de vallée
    Fuligineux sous les cieux ronds :
    Là, terrain, herbes, rameaux, troncs,
    Toute une forêt fut brûlée !

    D'elle, si verte et si peuplée,
    Qui, si fière, portait son front,
    Narguait le vent, raillait l'affront
    Du tonnerre et de la gelée,

    Il reste la place... raclée,
    Croupissante et noire, meublée
    D'un...

  • La forêt songe, bleue et pâle,
    Dans un féerique demi-jour.
    Tout s'y voit spectral, d'aspect sourd,
    Par cette nuit d'ambre et d'opale.

    Là, c'est un cerf blessé qui râle...
    Ici, d'autres, pâmés d'amour...
    La forêt songe, bleue et pâle,
    Dans un féerique demi-jour.

    Ailleurs, une laie et son mâle
    Et leurs marcassins tout autour !......

  • De quoi parlait le vent ? De quoi tremblaient les branches ?
    Était-ce, en ce doux mois des nids et des pervenches,
    Parce que les oiseaux couraient dans les glaïeuls,
    Ou parce qu'elle et moi nous étions là tout seuls ?
    Elle hésitait. Pourquoi ? Soleil, azur, rosées,
    Aurore ! Nous tâchions d'aller, pleins de pensées,
    Elle vers la campagne et moi vers la forêt...

  • Chênes mystérieux, forêt de la Grésigne,
    Qui remplissez le gouffre et la crête des monts,
    J'ai vu vos clairs rameaux sous la brise bénigne
    Balancer doucement le ciel et ses rayons.

    Ah ! Dans le sombre hiver, pendant les nuits d'orage,
    Lorsqu'à votre unisson lamentent les corbeaux,
    Lorsque passe l'éclair sur votre fier visage,
    Chênes que vous devez être...

  • C'est l'automne. Le vent balance
    Les ramilles, et par moments
    Interrompt le profond silence
    Qui plane sur les bois dormants.

    Des flaques de lumière douce,
    Tombant des feuillages touffus,
    Dorent les lichens et la mousse
    Qui croissent au pied des grands fûts.

    De temps en temps, sur le rivage,
    Dans l'anse où va boire le daim,
    ...