C’est toi qui me rends à moi-même ;
Tu calmes mon cœur agité ;
Et de ma seule oisiveté
Tu me fais un bonheur extrême.
Parmi ces bois et ces hameaux
C’est là que je commence à vivre ;
Et j’empêcherai de m’y suivre
Le souvenir de tous mes maux.
Emplois, grandeurs tant désirées,
J’ai connu vos illusions ;
...
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Je me croyais poète et j’ai pu me méprendre,
D’autres ont fait la lyre et je subis leur loi ;
Mais si mon âme est juste, impétueuse et tendre,
Qui le sait mieux que moi ?Oui, je suis mal servi par des cordes nouvelles
Qui ne vibrent jamais au rhythme de mon cœur ;
Mon rêve de sa lutte avec les mots rebelles
Ne sort... -
Poète ! aussi longtemps que marchera la terre
Dans le vide muet qui n’a pas d’horizon ;
Tant que l’homme, implorant un climat salutaire,
Sous la grêle et les vents traînera sa maison,
Nu, forcé d’inventer le pain, le fer, la flamme,
L’art de ne pas périr, ses lois et son bonheur ;
Qu’il frappera son front en y cherchant son âme,
Et sa poitrine... -
O vénérable Nuit, dont les urnes profondes
Dans l’espace infini versent tranquillement
Un long fleuve de nacre et des millions de mondes,
Et dans l’homme un divin calmant,Tu berces l’univers, et ton grand deuil ressemble
A celui d’une veuve exercée aux douleurs,
Qui pense au lendemain inexorable, et tremble
Pour son enfant qui dort... -
Avez-vous vu la tendre rose,
L'aimable fille d'un beau jour,
Quand au printemps à peine éclose,
Elle est l'image de l'amour ?
Telle à nos yeux, plus belle encore,
Parut Eudoxie aujourd'hui :
Plus d'un printemps la vit éclore,
Charmante et jeune comme lui.
Mais, hélas ! les vents, les tempêtes
Ces fougueux enfants de l'hiver,
... -
Que l'homme est bien, durant sa vie,
Un parfait miroir de douleurs,
Dès qu'il respire, il pleure, il crie
Et semble prévoir ses malheurs.
Dans l'enfance toujours des pleurs,
Un pédant porteur de tristesse,
Des livres de toutes couleurs,
Des châtiments de toute espèce.
L'ardente et fougueuse jeunesse
Le met encore en pire état.... -
Et j'ai dit dans mon coeur : Que faire de la vie?
Irai-je encor, suivant ceux qui m'ont devancé,
Comme l'agneau qui passe où sa mère a passé,
Imiter des mortels l'immortelle folie?
L'un cherche sur les mers les trésors de Memnom,
Et la vague engloutit ses voeux et son navire;
Dans le sein de la gloire où son génie aspire,
L'autre meurt enivré par l'écho... -
Belle Armide, à quelle raison
Pour nous tirer en ta prison
Uses-tu de tant de caresses,
Puisqu'abusant de ses appas
Tes beaux yeux nous font des promesses
Dont ton coeur ne se souvient pas ?
Quelle erreur t'a pu faire croire
Qu'on puisse acquérir de la gloire
Avec tant d'infidélité,
Et que l'amour et la constance,
Au prix de la... -
Pardonne-moi, Seigneur, tout saint, tout débonnaire,
Si j'ai par trop cédé à de mondains appâts.
Hélas ! je fais le mal, lequel je ne veux pas
Et ne fais pas le bien que je désire faire.
Mon esprit trop bouillant, guidé par ma jeunesse,
S'est laissé emporter après la vanité,
Au lieu de s'élever vers ta Divinité
Et admirer les faits de ta grande... -
Esprit des beaux-esprits, vagabonde Inconstance,
Qu'Éole roi des vents avec l'onde conçut
Pour être de ce monde une seconde essence,
Reçois ces vers sacrés à ta seule puissance,
Aussi bien que mon âme autrefois te reçut.
Déesse qui partout et nulle part demeure,
Qui préside à nos jours et nous porte au tombeau,
Qui fais que le désir d'un instant...