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    Voici l’automne, adieu les fleurs !
    Que faire en un jardin sans roses
    Où sifflent des vents querelleurs ?
    Restons au logis, portes closes ;
    Voici l’automne, adieu les fleurs !

    Voici l’automne, adieu les fleurs !
    La terre en vain cherche à sourire ;
    Les soleils sont froids et railleurs,
    Les cœurs n’ont plus rien à se dire.
    Voici l’...

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    Le soir fait palpiter plus mollement les plantes
    Autour d’un groupe assis de femmes indolentes
    Dont les robes, ainsi que d’amples floraisons,
    D’une blanche harmonie argentent les gazons.
    Une ombre par degrés baigne ces formes vagues :
    Et sur les bracelets, les colliers et les bagues
    Qui chargent les poignets, les poitrines, les doigts,
    Avec le...

  • XXI

    Dans ce jardin antique où les grandes allées
    Passent sous les tilleuls si chastes, si voilées
    Que toute fleur qui s’ouvre y semble un encensoir,
    Où, marquant tous ses pas de l’aube jusqu’au soir,
    L’heure met tour à tour dans les...

  • La jeune dame qui marche sur la pelouse
    Devant l’été paré de pommes et d’appas,
    Quand des heures Midi comblé jette les douze,
    Dans cette plénitude arrêtant ses beaux pas,

    A dit un jour, tragique abandonnée — épouse —
    À la mort séduisant son Poète : Trépas !
    Tu mens. Ô vain climat nul ! je me sais jalouse
    Du faux Éden que, triste, il n’habitera pas....

  •  
    Le noir lierre aux douces roses enlacé
    Décore le portique et son treillage vert,
    Et l’on voit s’entr’ouvrir le pétale de chair
    Près du feuillage en cœur qui vers lui s’est glissé ;

    Une amoureuse odeur de soir et de passé
    Se mêle au dur parfum terrestrement amer ;
    La fleur de sang sourit à la feuille de fer,
    Car de leur double poids son orgueil...

  •  
    Tu m’as vu bien souvent, de ton verger voisin
    Où le pampre vineux annonce le raisin,
    Bien souvent, tu m’as vu, par-dessus cette haie
    Que l’épine hérisse et que rougit la baie,
    Tout un jour, de l’aurore au soir, en mon enclos...
    Il est humble, petit, mélancolique et clos ;
    Sa porte à claire-voie ouvre sur la grand’route ;
    Une fontaine au fond s’...

  • L’herbe y est bleue et la haie azurée
    De papillons de verre et de bulles de fruits ;
    Des paons courent, au long des buis,
    Un lion clair barre l’entrée.

    Chaque montée est un espoir
    En escalier, vers une attente ;
    Par les midis chauffés, la marche est haletante,
    Mais le repos attend, au bout du soir.

    Des ruisselets qui font...

  •  
    Ma douce, entrons dans le jardin abandonné,
    Dans le jardin sauvage, exquis et funéraire
    Où l’autrefois se plaît à roder, solitaire
    Et farouche, tel un vieux roi découronné.

    Entrons dans le jardin qu’un vent d’automne accable,
    Où le silence est lent comme une femme en deuil,
    Où les ronces d’hier font un mauvais accueil
    A qui n’apporte point le...

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    J’étais parti, voyant le ciel limpide et clair
    Et les chemins séchés, afin de prendre l’air,
    D’ouïr le vent qui pleure aux branches du mélèze,
    Et de mieux travailler : car on est plus à l’aise,
    Pour méditer le plan d’un drame projeté,
    Refondre un vers pesant et sans grâce jeté,
    Ou d’une rime faible, à sa sœur mal unie,
    Par un son plus exact...

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    C’est le grand réservoir où toute vie abonde,
    Le verdoyant congrès des arbustes du monde,
    Où tout homme qui rêve à son pays absent
    Retrouve ses parfums et son air caressant.
    (BARTHÉLEMY et MÉRY.)

    Quand un voile brumeux enveloppe Lutèce,
    Quand mon front obscurci s’incline de tristesse,
    Comme un arbuste frêle où soupire le vent,...