• IV

    Est-il jour ? Est-il nuit ? horreur crépusculaire !
    Toute l'ombre est livrée à l'immense colère.
    Coups de foudre, bruits sourds. Pâles, nous écoutons.
    Le supplice imbécile et noir frappe à tâtons.
    Rien de divin ne luit. Rien d'humain ne surnage.
    Le hasard formidable erre dans le carnage,
    Et mitraille un troupeau de...

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    Souvent, dans le hallier où l’églogue hypocrite
    S’en va chantant,
    J’ai tout à coup cessé de lire Théocrite
    Inquiétant ;

    Homère fait trembler ; un gouffre est dans Eschyle ;
    Parfois je veux
    M’enfuir quand Circé passe ou quand je vois Achille
    Pris aux cheveux ;

    Les aigles sur les bords du Gange et du Caystre
    Sont effrayants ;
    ...

  • Ô sainte horreur du mal ! Devoir funèbre ! Ô haine !
    Quand Virgile suspend la chèvre au blanc troëne ;
    Quand Lucrèce revêt de feuilles l'homme nu ;
    Quand Ennius compare au satyre cornu
    Le bouc passant sa tête à travers la broussaille
    Qui fait qu'Europe au bain se détourne et tressaille ;
    Quand Moschus chante Enna ; quand Horace gaîment
    Suit Canidie, et...

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    Parfois c’est un devoir de féconder l’horreur.
    Il convient qu’un feu sombre éclaire un empereur.
    J’ai fait Les Châtiments. J’ai dû faire ce livre.
    Moi que toute blancheur et toute grâce enivre,
    Je me suis approché de la haine à regret.
    J’ai senti qu’il fallait, quand l’honneur émigrait,
    Mettre au-dessus du crime, en une ombre sereine,
    Le...

  • De feu, d'horreur, de mort, de peine, de ruine,
    Jours, nuits, ans, temps, moments, je me sens tourmenté,
    Et sous les fers meurtriers de ma captivité,
    Je vois l'amour cruel qui mon âme ruine.

    Je me perds de langueur, de douleurs je me mine,
    Ma vie fuit de moi par trop de cruauté,
    Et de mortels dédains mon esprit agité
    Sent le dernier effort qui ma vie...

  • De ce ciel bizarre et livide,
    Tourmenté comme ton destin,
    Quels pensers dans ton âme vide
    Descendent ? Réponds, libertin.

    - Insatiablement avide
    De l'obscur et de l'incertain,
    Je ne geindrai pas comme Ovide
    Chassé du paradis latin.

    Cieux déchirés comme des grèves,
    En vous se mire mon orgueil,
    Vos vastes nuages en deuil

    ...

  • Ombres qui dans l'horreur de vos nuits éternelles
    Gémissez sans repos vos fautes criminelles,
    Quittez pour un petit vos manoirs gémissants,
    Et venez assurer qu'en sa peine fatale
    L'Enfer n'a point de peine à mes peines égale,
    Ni point de feux aussi comme ceux que je sens.

    Toi qui brûles de soif dans les ondes fuitives,
    La douleur ne tient point tes...

  • Quelle horreur, quel effroi, quel brouillard, quelle nuit,
    S'amasse sur ce lieu privé de la lumière !
    L'air s'est noirci partout, ô ma douce guerrière,
    Depuis que ton bel oeil ici plus ne reluit.

    Le Soleil amoureux de ta beauté te suit,
    Les Grâces, les Amours, ne te laissent derrière,
    Amour qui tient mon âme en tes yeux prisonnière
    Appelle à soi...

  • Est-il jour ? Est-il nuit ? horreur crépusculaire !
    Toute l'ombre est livrée à l'immense colère.
    Coups de foudre, bruits sourds. Pâles, nous écoutons.
    Le supplice imbécile et noir frappe à tâtons.
    Rien de divin ne luit. Rien d'humain ne surnage.
    Le hasard formidable erre dans le carnage,
    Et mitraille un troupeau de vaincus, sans savoir
    S'ils croyaient...

  • Une effroyable horreur couvrait la terre et l'onde
    Et déjà les démons menaient par l'univers
    Les funestes oiseaux, les fantômes divers,
    Et des songes légers la troupe vagabonde,

    Quand Morphée emprunta la chevelure blonde,
    Les roses et les lys qui n'ont jamais d'hiver,
    Et mille autres appas d'un long crêpe couverts,
    Dont aujourd'hui Phillis étonne...