Ombres qui dans l'horreur de vos nuits éternelles

Ombres qui dans l'horreur de vos nuits éternelles
Gémissez sans repos vos fautes criminelles,
Quittez pour un petit vos manoirs gémissants,
Et venez assurer qu'en sa peine fatale
L'Enfer n'a point de peine à mes peines égale,
Ni point de feux aussi comme ceux que je sens.

Toi qui brûles de soif dans les ondes fuitives,
La douleur ne tient point tes volontés captives,
Et tu peux désirer l'eau que tu vois courir.
Mais souffrant comme toi, proche de mon remède,
J'ai beau voir augmenter le mal qui me possède,
Je n'oserais pourtant désirer d'en guérir.

Toi qui tournes toujours attaché de cent chaînes,
Mon coeur ainsi que toi demeure dans les gênes.
Nous endurons tous deux pour avoir trop osé,
Mais tu ne revois plus l'auctrice de tes peines,
Et moi je vois toujours cette fière inhumaine
Qui se rit devant moi du mal qu'elle a causé.

Toi qui de ton poumon pais une aigle affamée,
Vois qu'Amour prend en moi sa proie accoutumée,
Et que j'ai plus que toi de renaissantes morts,
Car ton mal éternel tourne en accoutumance,
Mais tantôt plein d'espoir, tantôt sans espérance,
La trêve de mon mal en accroît les efforts.

Vous qui de vaines eaux voulez remplir un crible,
Voyez que pour fléchir un esprit insensible,
J'emploie vainement des soupirs et des pleurs.
Mais encore avez-vous sur moi cet avantage
Que l'Enfer vous fournit des eaux pour votre ouvrage,
Et rien ne m'entretient que mes propres malheurs.

Toi qu'un rocher tombant fait travailler sans cesse,
Vois comment cet espoir qui flatte ma tristesse
En moins d'un tournemain se forme et se défait.
Mais tes larcins t'ont fait coupable de ta peine,
Et moi, pour être pris d'une belle inhumaine,
Je porte un châtiment du péché qu'elle a fait.

Voilà comme un bel oeil me sert d'une eau fuyante,
D'une roue sans fin, d'une aigle ravissante,
D'un crible et d'un rocher insensible à mes voeux,
Beauté qui me donnez cette mort immortelle,
Plus que tous les destins vous rendrez-vous cruelle,
Et plus que tous ceux-ci serai-je malheureux ?

Quand les dieux ont damné ces pauvres misérables,
Ils ont vu que deux maux étaient insupportables,
Chacun n'a que le sien, mais j'ai celui de tous.
Comme plus que les dieux je vous trouve puissante,
Retirez de ces maux mon âme languissante.
Pour damner et sauver il n'appartient qu'à vous.

Collection: 
1602

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