Quelle horreur, quel effroi, quel brouillard, quelle nuit

Quelle horreur, quel effroi, quel brouillard, quelle nuit,
S'amasse sur ce lieu privé de la lumière !
L'air s'est noirci partout, ô ma douce guerrière,
Depuis que ton bel oeil ici plus ne reluit.

Le Soleil amoureux de ta beauté te suit,
Les Grâces, les Amours, ne te laissent derrière,
Amour qui tient mon âme en tes yeux prisonnière
Appelle à soi mon coeur, qui le suivant me fuit.

Pour ton départ les bois ont séché leur feuillage,
Les oiseaux ont cessé de regret leur ramage,
Ces prés ont effacé leurs plus belles couleurs,

Les Nymphes de ces champs ont pleuré ton absence,
Moi, sans âme et sans coeur, animé de douleurs,
Je pleure ton départ, père de ma souffrance.

Collection: 
1588

More from Poet

  • Nuit fille de la terre, amène tes flambeaux,
    Et ton silence coi, et des hauts monts descendre
    Fais tes brouillards nuiteux pour ici les étendre
    Et couvrir l'horizon de tes sombres rideaux,

    Afin que le Sommeil des stygieuses eaux
    Vienne arrouser mon chef, et sur mon...

  • J'avais longtemps erré par les sombres déserts,
    Triste, morne et pensif, privé de la lumière,
    Mon seul séjour était une noire fondrière,
    Pleine de songes vains, de fantômes divers.

    Mais sitôt que l'Amour, prince de l'Univers,
    Eut chassé l'ombre épais de ma tendre...

  • Ah ! ne me baisez plus, ah ! mon coeur, je me meurs,
    Doucement je languis, doucement je me pâme,
    Dessus ta lèvre molle erre et flotte mon âme
    Saoule de la douceur des plus douces humeurs.

    Je la vois qui volète entre les vives fleurs
    Et ne craint tes beaux yeux...

  • A l'ombre des myrtes verts,
    Sur un lit fait de fleurettes,
    De roses, de violettes,
    Et de cent fleurons divers,

    Au doux bruit d'une ondelette,
    Qui semblait parler d'amour,
    Roulant sur l'herbe mollette,
    Je me reposai un jour.

    Sur cette couche...

  • Viens, ma belle Florelle, où l'ombre noir tremblote,
    Sur les bords mousselus des antres ténébreux.
    Il fait trop chaud ici, cherchons les bois ombreux,
    Le profond des vallons ou quelque fraîche grotte.

    Entrons sous ce rocher, viens tôt que je suçote
    Le coral de ta...