• Voici que la rosée éparpille ses perles
    Qui tremblent sous la brise aux feuilles des buissons.
    — Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles !
    Car, dans les chemins creux où sifflotent les merles,
    Et le long des ruisseaux qui baignent les cressons,
    La fraîcheur du matin m’emplit de gais frissons.

    Mystérieuse, avec de tout petits frissons,
    La...

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    UN JEUNE HOMME

    Où courez-vous ainsi, pieuses jeunes filles,
    Qui passez deux à deux sous vos coiffes gentilles ?
    Ce tablier de soie et ce riche cordon
    Disent que vous allez toutes quatre au pardon.

    UNE JEUNE FILLE

    Laissez-nous, laissez-nous poursuivre notre route,
    Jeunes gens ! Nous allons où vous allez sans doute ;
    Et ces bouquets de...

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    À F. Daubigny.

    Je sais une vallée au fond des bois paisibles
    Où la mousse déroule un tapis de velours ;
    De parfums enivrés par des fleurs invisibles,
    Les ramiers à mi-voix s’y content leurs amours.

    Des grands hêtres touffus le dôme séculaire
    En interdit l’entrée aux regards du soleil,
    Ne laissant tamiser qu’un jour crépusculaire
    ...

  • Dans le chemin toujours trempé, tant y est épais
    le feuillage visqueux de l’aulne amertume,
    nous nous promènerons. Mais comme elle est plus grande
    que moi, c’est elle qui écartera les branches
    et elle encore qui mettra sur mon épaule
    sa joue et ses yeux bleus qui fixeront le sol.

  •  
        Dans l’air la merveilleuse odeur de violettes,
        Nos doigts entrelacés et nos lèvres muettes.

        Les rosiers roux ont la couleur de tes cheveux
        Et nos cœurs sont pareils… Je veux ce que tu veux.

        Tout le jardin autour de nous, ma bien-aimée,
        Et la brise embaumant ta face parfumée.

        Nulle n’a la splendeur de tes cheveux...

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    Discrets, furtifs & solitaires,
    Où menez-vous, petits chemins ?
    Vous qu’on voit, pleins de frais mystères,
    Vous cachant aux regards humains.

    Où menez-vous, petits chemins
    Tapissés de fleurs & de mousse ?
    Vous cachant aux regards humains,
    Que votre ombre doit être douce !

    Tapissés de fleurs & de mousse,
    Abrités du froid...

  • J’obéis aux vouloirs d’une fille aux yeux pers.
    En regardant ses yeux, je pense aux mers profondes
    Dont l’abîme inconnu désespère les sondes :
    Si je veux lire au fond de ses yeux, je m’y perds.

    Qui jamais résoudra le bizarre problème
    De son cœur ?… Est-ce moi, qui ne m’explique rien
    Quand je veux essayer de voir clair dans le mien,
    Et qui reste une...

  •  
    Le chemin est rude. Le soleil ardent darde
    Sur les pierres brûlantes de la route.
    Tu as blessé tes pieds fatigués
    Sur le sable chaud et le granit rugueux.
    Ton âme courageuse est terrassée de fatigue,
    Épuisée par la soif et la chaleur
    Mais ne pense pas à t’écarter du chemin pénible
    Et chercher l’oubli dans le repos honteux.

    Pousse plus...

  • Le long d'un chemin creux que nul arbre n'égaie,
    Un grand champ de blé mûr, plein de soleil, s'endort,
    Et le haut du talus, couronné d'une haie,
    Est comme un ruban vert qui tient des cheveux d'or.

    De la haie au chemin tombe une pente herbeuse
    Que la taupe soulève en sommet inégaux,
    Et que les grillons noirs à la chanson verbeuse
    Font pétiller de...

  • C'était sur un chemin crayeux
    Trois châtes de Provence
    Qui s'en allaient d'un pas qui danse
    Le soleil dans les yeux.

    Une enseigne, au bord de la route,
    - Azur et jaune d'oeuf, -
    Annonçait : Vin de Châteauneuf,
    Tonnelles, Casse-croûte.

    Et, tandis que les suit trois fois
    Leur ombre violette,
    Noir pastou, sous la gloriette,
    Toi,...