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    À Ernest Christophe.

    Les braves dorment bien dans cette immense plains.
    Pas de saules pleureurs, pas de mornes cyprès...
    Ce n’est qu’un terrain vague où vient la.marjolaine,
    La bruyère et l’ajonc. — Mais là, cent ans après,
    Filant à pas songeurs leur quenouille de laine,
    Les filles du Pays, d’un long regard pieux,
    Salueront le champ...

  • En icelle valée oyoit on grant sons
    de tabours, trompes et naquerres.
    MANDEVILLE.

    Or ilz sont mortz, Diex ayt leurs ames.
    Quant est des cors, ils sont pourryz.
    Le Grand Testament de Villon.

    De dars i ot grant lanceis
    Et de pierres grand jeteis
    Et de lances grand bouteis
    Et d’espées grand capleis....

  • Le champ fourmille de chardons :
    Quel paradis pour le vieil âne !
    Adieu bât, sangles et bridons !
    Le champ fourmille de chardons.
    La brise mêle ses fredons
    À ceux de la petite Jeanne !
    Le champ fourmille de chardons :
    Quel paradis pour le vieil âne !

    En chantant au bord du fossé
    La petite Jeanne tricote.
    Elle songe à son fiancé...

  • J’AI déjà dans mon cœur enterré mille choses,
    Espoirs, rêves, désirs, croyances, fleurs écloses
    Par un matin d’avril et mortes à midi.
    L’art et l’amour surtout comptent là bien des tombes
    Où, loin du ciel de l’aigle et du nid des colombes,
    Dort ce qui fut en moi noble, pur et hardi.

    Mais, tandis que l’on voit, dans tous les cimetières,
    Les fleurs au...

  • — Le merle fuit, plein de paniques,
    Les buissons recroquevillés :
    Entendez-vous sous les noyers
    Ces chuchotements ironiques ?

    Quelles visions tyranniques !
    J’en ai les yeux écarquillés.
    — Le merle fuit, plein de paniques.
    Les buissons recroquevillés.

    Quant aux petits fumiers coniques,
    Ils sont horriblement grillés.
    S’ils allaient...

  • Dans une cage de bois blanc,
    Où manquait l’espace à ses ailes,
    On voyait un aigle vivant
    Qui tenait closes ses prunelles ;

    Au-dessus de lui murmuraient,
    Roucoulaient, agitaient leurs têtes,
    Deux colombes qui s’adoraient
    Selon l’usage de ces bêtes.

    Et par instants l’oiseau royal
    Abaissant ses beaux yeux moroses,
    Regardait le couple...

  • Ne t'attends qu'à toi seul, c'est un commun Proverbe.
    Voici comme Esope le mit
    En crédit.
    Les Alouettes font leur nid
    Dans les blés, quand ils sont en herbe,
    C'est-à-dire environ le temps
    Que tout aime et que tout pullule dans le monde :
    Monstres marins au fond de l'onde,
    Tigres dans les Forêts, Alouettes aux champs.
    Une pourtant de ces dernières...

  • Oh ! des champs sont fatals, des charniers sont célèbres,
    Des plaines et des mers sont sanglantes, parfois
    Des vallons ont la marque effroyable des rois,
    L'odeur des attentats, la rouille des carnages ;
    Des crimes monstrueux, comme des personnages,
    Ont passé dans des bois ou sur des monts, qu'on voit
    Avec peur, en mettant sur ses lèvres son doigt ;
    ...

  • Comme le champ semé en verdure foisonne,
    De verdure se hausse en tuyau verdissant,
    Du tuyau se hérisse en épi florissant,
    D'épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne :

    Et comme en la saison le rustique moissonne
    Les ondoyants cheveux du sillon blondissant,
    Les met d'ordre en javelle, et du blé jaunissant
    Sur le champ dépouillé mille gerbes façonne :...