• LE VIEUX MONDE

    O flot, c'est bien. Descends maintenant. Il le faut.
    Jamais ton flux encor n'était monté si haut.
    Mais pourquoi donc es-tu si sombre et si farouche ?
    Pourquoi ton gouffre a-t-il un cri comme une bouche ?
    Pourquoi cette pluie âpre, et cette ombre, et ces bruits,
    Et ce vent noir soufflant dans le clairon des nuits ?
    Ta vague monte avec...

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    HYMNE À LA TERRE

    Tu permets au travail de presser ta mamelle,
    Patiente nourrice, et, depuis six mille ans,
    Tu gardes à tes fils ta richesse éternelle,
    Tu livres sans compter les trésors de tes flancs.

    Tes bois nous sont ouverts, ta plus belle parure !
    Nous fouillons dans tes os de marbre et de métal.
    Aux besoins du...

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    On eût dit que la mort avait fermé le livre ;
    Mais sa force à ce coup l’avait laissé survivre ;
    Et ce fut, je présume, à peu près vers ce temps
    Que je fis sa rencontre à la fin du printemps,
    Qu’un premier entretien confondit nos deux âmes,
    Et que, du premier jour, tous deux nous nous aimâmes.
    Depuis ce moment-là jusqu’à ses cheveux blancs,
    À...

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    Là, sans doute la mort avait fermé le livre.
    Je voulus engager la servante à me suivre,
    Elle me répondit en me montrant du doigt
    L'arbuste enraciné dans les fentes du toit :
    « A ces murs, comme lui, ma vie a pris racine,
    On me laissera bien vieillir sous ces ruines.
    Qu'est-ce qui soignerait ce seuil abandonné ?
    On m'y rapportera le pain que j...

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    J’ai conquis l’horizon sur l’ombre et sur le doute,
    J’ai surmené mon front, par les veilles jauni ;
    Il me semble pourtant que je n’ai pas fini,
    Et que j’ai, quand j’arrive, à refaire la route.

    Mon cœur et ma raison ne sont plus en conflit :
    Pourquoi suis-je anxieux ? moi qui, pour récompense,
    Aspirais au repos, comme un pèlerin pense
    Au...

  • Las de l’amer repos où ma paresse offense
    Une gloire pour qui jadis j’ai fui l’enfance
    Adorable des bois de roses sous l’azur
    Naturel ! et plus las sept fois du pacte dur
    De creuser par veillée une fosse nouvelle
    Dans le terrain avare et froid de ma cervelle,
    Fossoyeur sans pitié pour la stérilité,
    — Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité
    Par...

  • J'ai fait le tour des choses de la vie ;
    J'ai bien erré dans le monde de l'art ;
    Cherchant le beau, j'ai poussé le hasard:
    Dans mes efforts la grâce s'est enfuie !

    A bien des coeurs où la joie est ravie,
    J'ai demandé du bonheur, mais trop tard !
    A maint orage, éclos sous un regard,
    J'ai dit : Renais, ô flamme évanouie !

    Et j'ai trouvé, bien...

  • Ma Muse pastorale aux regards des Français
    Osait ne point rougir d'habiter les forêts.
    Elle eût voulu montrer aux belles de nos villes
    La champêtre innocence et les plaisirs tranquilles ;
    Et, ramenant Palès des climats étrangers,
    Faire entendre à la Seine enfin de vrais bergers.
    Elle a vu, me suivant dans mes courses rustiques,
    Tous les lieux illustrés...