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    LA messe nocturne est dite.
    Que d’étoiles dans le ciel !
    Comme il gèle ! Rentrons vite.
    La rude nuit de Noël !

    Chacun du froid se protège
    En fermant porte et rideaux.
    Sous leurs capuchons de neige
    Les maisons font le gros dos.

    On se couche avec angoisse
    Dans les lits mal bassinés.
    Les vitraux de la paroisse...

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    Par le ciel, cette enfant est belle ;
    de ma vie je n’ai rien vu de pareil…
    Gœthe, Faust.

    C’était la fin d’un bal ; nous étions presque à l’heure
    Où sous la volupté l’archet frissonne et pleure,
    Où sous les gants flétris les doigts serrent les doigts,
    Où les fleurs et les pas, les rayons et les voix
    Et la gaze...

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    « Quand l’on fut toujours vertueux
    L’on aime à voir lever l’aurore… »


    ...

  • Je t’aime et je t’adore, ô corps harmonieux
    Où vivent les contours des antiques statues,
    Marbre fort et serein, colosse glorieux
    Aux jambes de blancheur et de grâce vêtues ;

    Car ton front rayonnant, de cheveux embrasés
    Se couvre, comme un mont couronné par l’aurore ;
    Sur tes seins, aux lueurs du soleil exposés,
    Ma lèvre retentit avec un bruit sonore...

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    Les bras nus, le teint frais, et la lèvre vermeille,
    Dans son berceau d’azur l’Aurore encor sommeille ;
    Le jeune Crépuscule, espiègle et triomphant.
    Ainsi qu’un frère aîné près d’une sœur enfant.
    Sur la pointe des pieds, et le doigt sur la bouche,
    Furtif, s’avance, et glisse en riant vers sa couche,
    Ecarte les rideaux, se penche, va poser
    Sur...

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    La nuit pâle s’enfuit ; l’étoile d’or s’éteint.
    Dans les joncs somnolents s’éveillent des bruits vagues.
    La mer blanchissante a des frou-frous de satin
    Sur les galets polis et clairs comme des bagues.

    Dans l’anse tout s’anime, hommes, bateaux et dragues.
    Sur la dune, grisé de l’arôme du thym,
    Le bouvreuil se querelle avec l’écho mutin.
    La...


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  • La confusion morose
    Qui me servait de sommeil,
    Se dissipe dès la rose
    Apparence du soleil.
    Dans mon âme je m’avance,
    Tout ailé de confiance :
    C’est la première oraison !
    À peine sorti des sables,
    Je fais des pas admirables
    Dans les pas de ma raison.

    Salut ! encore endormies
    À vos sourires jumeaux,
    ...

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    Où vas-tu, souffle d’aurore,
    Vent de miel qui vient d’éclore,
    Fraîche haleine d’un beau jour !…
    Où vas-tu, brise inconstante,
    Quand la feuille palpitante
    Semble frissonner d’amour ?
    Est-ce au fond de la vallée,
    Dans la cime échevelée
    D’un saule où le ramier dort ?
    Poursuis-tu la fleur vermeille,
    On le papillon qu’éveille...

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    La nuit d’hiver étend son aile diaphane
    Sur l’immobilité morne de la savane
    Qui regarde monter, dans le recueillement,
    La lune, à l’horizon, comme un saint-sacrement.
    L’azur du ciel est vif, et chaque étoile blonde
    Brille à travers les fûts de la forêt profonde.
    La rafale se tait, et les sapins glacés,
    Comme des spectres blancs, penchent leurs...