Jusqu’au jour, ô Pologne ! où tu nous montreras
Quelque désastre affreux, comme ceux de la Grèce,
Quelque Missolonghi d’une nouvelle espèce,
Quoi que tu puisses faire, on ne te croira pas.
Battez-vous et mourez, braves gens. – L’heure arrive.
Battez-vous ; la pitié de l’Europe est tardive ;
Il lui faut des levains qui ne soient point usés.
Battez-vous...
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A la poursuite d’une rime
Féminine, qui peut manquer,
N’allez pas aux lieux où l’on trime
De Plous en Plous, de Ker en Ker !Car vous tomberiez de Charybdes
En Scyllas, et de Kerlutu
En Kerlor ; et la rime en ybdes
Vous répondrait : Turlututu !Sans ouïr ces oiselles rares
Se becqueter au bout du vers,
Vous arpenteriez bien des ares... -
Devant toi l’Éléphant dressant en l’air sa trompe
De son phallus géant décalotte la peau ;
Le régiment qui passe agite son drapeau
Et le foutre jaillit comme par une pompe.Tu n’as qu’à faire voir pour qu’un saint se corrompe
Ta gorge étincelante où tremble un oripeau ;
Des cardinaux romains sous son rouge ... -
La cloche matinale enfin a sonné l’heure
Où les pâles Willis, qu’un jour trop vif effleure,
Près du sylphe qui dort vont se glisser sans bruit
Au cœur des nénufars et des belles-de-nuit ;
Giselle défaillante avec de molles poses
Lentement disparaît sous son linceul de roses,
Et l’on n’aperçoit plus du fantôme charmant
Qu’une petite main tendue à son... -
Puisque assis au foyer de tes chaudes collines,
J'en ai bu les parfums dans l'or de ton soleil,
Puisque tes pins, touchés par les brises marines,
Bercent si doucement mon rêve ou mon sommeil ;Puisqu'on me réchauffant, comme eût fait une mère,
A ton hôte engourdi tu rends force et gaîté,
Je dois, en mes adieux, selon le vieil Homère,
Payer d'... -
Pour le vingt-cinquième anniversaire de sa prise de voile.Loin des enchantements du monde, loin du bruit,
Vingt-cinq ans vous avez, comme la violette
Exhalant son parfum dans la paix de la nuit,
Embaumé de vertus votre calme retraite.
Vingt-cinq ans vous avez, sourde aux cris triomphants
Des heureux défilant sous votre humble fenêtre... -
Rime, qui donnes leurs sons
Aux chansons,
Rime, l’unique harmonie
Du vers, qui, sans tes accents,
Frémissants,
Serait muet au génie ;
Rime, écho qui prends la voix
Du hautbois
Ou l’éclat de la trompette,
Dernier adieu d’un ami
Qu’à demi
L’autre ami de loin répète ;Rime, tranchant...
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Le réveil vient troubler la paix de tes paupières.
La luciole au loin a fleuri de lumières
Les prés, et l’asphodèle a des souffles d’amour.
La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne,
Car la lune a verdi le bleu de la montagne,
Car la... -
Chaque peuple, à son tour, ceindra le diadème.Parmi les monuments élevés par nos pères,
Parmi les temples saints, les palais séculaires,
Les gigantesques tours au belliqueux beffroi,
Mon œil, noble Statue, en remontant l’histoire ,
Cherche en vain un trophée adopté par la gloire,
Qui parle au cœur plus haut que toi.
Tu... -
— O mère des vivants, ô terre, ô déité,
Nul homme plus que moi n'adore ta beauté !
Il n'est pas de rayon au ciel, et pas de globe,
Qui me soient plus sacrés qu'une fleur de ta robe.— Je me souviens de toi ; sur mes plus hauts sommets
Un pied plus amoureux ne se posa jamais.
Je t'ai vu, gravissant mes Alpes solitaires,
T'abreuver à longs...