À la princesse Bathilde

La cloche matinale enfin a sonné l’heure
Où les pâles Willis, qu’un jour trop vif effleure,
Près du sylphe qui dort vont se glisser sans bruit
Au cœur des nénufars et des belles-de-nuit ;
Giselle défaillante avec de molles poses
Lentement disparaît sous son linceul de roses,
Et l’on n’aperçoit plus du fantôme charmant
Qu’une petite main tendue à son amant.
— Alors vous paraissez, chasseresse superbe,
Traînant votre velours sur le velours de l’herbe,
Un sourire à la bouche, un rayon dans les yeux,
Plus fraîche que l’aurore éclose au bord des cieux ;
Belle au regard d’azur, à la tresse dorée,
Que sur ses blancs autels la Grèce eût adorée ;
Pur marbre de Paros, que les Grâces, en chœur,
Dans leur groupe admettraient pour quatrième sœur.
— De la forêt magique illuminant la voûte,
Une vive clarté se répand, — et l’on doute
Si le jour, qui renaît dans son éclat vermeil,
Vient de votre présence ou s’il vient du soleil !
Giselle meurt ; Albert éperdu se relève,
Et la réalité fait envoler le rêve ;
Mais en attraits divins, en chaste volupté,
Quel rêve peut valoir votre réalité ?

Collection: 
1845

More from Poet

  • Ó, asszonyom, nem önt szeretem én, de még a bájos Julia se bájol, nem félek a fehér Opheliától és nem gyulok fel Laura szemén. A kedvesem ott él Kínába kinn; agg szüleivel lakik ő nyugodtan egy hosszú, vékony porcellántoronyban a Sárga-folyó zúgó partjain. Ferdült szemében álmodó szigor,...

  • Je vis cloîtré dans mon âme profonde,
    Sans rien d'humain, sans amour, sans amis,
    Seul comme un dieu, n'ayant d'égaux au monde
    Que mes aïeux sous la tombe endormis !
    Hélas ! grandeur veut dire solitude.
    Comme une idole au geste surhumain,
    Je reste là, gardant...

  • Sur le coteau, là-bas où sont les tombes,
    Un beau palmier, comme un panache vert,
    Dresse sa tête, où le soir les colombes
    Viennent nicher et se mettre à couvert.

    Mais le matin elles quittent les branches ;
    Comme un collier qui s'égrène, on les voit
    S'...

  • Notre-Dame
    Que c'est beau !
    Victor HUGO

    En passant sur le pont de la Tournelle, un soir,
    Je me suis arrêté quelques instants pour voir
    Le soleil se coucher derrière Notre-Dame.
    Un nuage splendide à l'horizon de flamme,
    Tel qu'un oiseau géant qui va...

  • Seul un homme debout auprès d'une colonne,
    Sans que ce grand fracas le dérange ou l'étonne,
    A la scène oubliée attachant son regard,
    Dans une extase sainte enivre ses oreilles.
    De ces accords profonds, de ces hautes merveilles
    Qui font luire ton nom entre tous, - ô...