• III

    Mais où donc ira-t-on dans l'horreur ? et jusqu'où ?
    Une voix basse dit : Pourquoi pas ? et Moscou ?

    Ah ! ce meurtre effrayant est un meurtre imbécile !
    Supprimer l'Agora, le Forum, le Poecile,
    La cité qui résume Athènes, Rome et Tyr,
    Faire de tout un peuple un immense martyr,
    Changer le jour en nuit, changer l'...

  • Qui donc a dit que la chanson était morte, morte avec la goguette qui fut son asile si longtemps ? Comme si la chanson, « cette forme ailée et charmante de la pensée », selon l'expression de Victor Hugo, pouvait mourir dans notre France où le couplet a toujours été le gracieux frère de la strophe ! Bien que l'Académie se soit refusée à décerner le prix Montariol, réservé d'après la volonté du...

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    Double vaisseau de charge aux deux rives de Seine,
    Vaisseau de pourpre et d’or, de myrrhe et de cinname,
    Vaisseau de blé, de seigle, et de justesse d’âme,
    D’humilité, d’orgueil, et de simple verveine ;

    Nos pères t'ont comblé d’une si longue peine,
    Depuis mille et mille ans que tu viens à la lame,
    Que nulle cargaison n’est si lourde à la rame,
    ...

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    Double vaisseau de ligne au long des colonnades,
    Autrefois bâtiment au centuple sabord,
    Aujourd'hui lourde usine, énorme coffre-fort
    Fermé sur le secret des sourdes canonnades.

    Nos pères t'ont dansé de chaudes sérénades,
    Ils t'ont fleuri du sang de la plus belle mort,
    Quand au gaillard d'avant vers l'un et l'autre bord
    Bondissait le troupeau...

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    Étoile de la mer, voici la lourde nef
    Où nous ramons tout nuds sous vos commandements ;
    Voici notre détresse et nos désarmements ;
    Voici le quai du Louvre, et l’écluse, et le bief.
     
    Voici notre appareil et voici notre chef.
    C’est un gars de chez nous qui siffle par moments.
    Il n’a pas son pareil pour les gouvernements.
    Il a la tête dure...

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    Quand tu dormais sous la ramée,
    Frêle oiseau, sans ailes encor,
    Invisible et de ruse armée,
    Une main sur toi s’est fermée
    Et du ciel priva ton essor.

    Et tu grandis dans l’esclavage,
    Exilé de l’air et des bois,
    Rêvant peut-être un lieu sauvage
    Plein de silence et de feuillage,
    Où libre pût monter ta voix.

    Quand tu parus dans...

  • O Paris! c’est la cent deuxième nuit du siége,
              Une des nuits du grand Hiver.
    Des murs à l’horizon l’écume de la neige
              S’enfle et roule comme une mer.

    Mâts sinistres dressés hors de ce flot livide,
              Par endroits, du creux des vallons,
    Quelques grêles clochers, tout noirs sur le ciel vide,
              S’enlèvent, rigides et...

  • Ô Paris ! C’est la cent deuxième nuit du Siège,
        Une des nuits du grand Hiver.
    Des murs à l’horizon l’écume de la neige
        S’enfle et roule comme une mer.

    Mâts sinistres dressés hors de ce flot livide,
        Par endroits, du creux des vallons,
    Quelques grêles clochers, tout...

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    BERGÈRE qui gardiez les moutons à Nanterre
    Et guettiez au printemps la première hirondelle,
    Vous seule vous savez combien elle est fidèle,
    La ville vagabonde et pourtant sédentaire.

    Vous qui la connaissez dans ses embrassements
    Et dans sa turpitude et dans ses pénitences,
    Et dans sa rectitude et dans ses inconstances,
    Et dans le feu sacré de...