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    TOUT m’est un charme pur, et tout m’est un regret,
    Près de vous, dont j’espère et rêve la présence,
    Car je songe que l’heure au bruit fin disparaît,
    Que je vous aime, et que voici venir l’absence.

    Je vous regarde rire au fond de vos yeux clairs,
    Et je me dis que leur lumière va s’éteindre,
    Que je ne verrai plus dans vos regards si chers
    En un...

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    La trompette a sonné. Des tombes entr’ouvertes
    Les pâles habitants ont tout à coup frémi.
    Ils se lèvent, laissant ces demeures désertes
    Où dans l’ombre et la paix leur poussière a dormi.
    Quelques morts cependant sont restés immobiles ;
    Ils ont tout entendu, mais le divin clairon
    Ni l...

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    Vous que l’on vit toujours chéris de la fortune,
    De succès en succès promener vos désirs,
    Un moment, vains mortels, suspendez vos plaisirs :
    Malheureux.. Ce mot seul déjà vous importune !
    On craint d’être forcé d’adoucir mes destins !
    Rassurez-vous, cruels ; environné d’alarmes,
    J’appris à dédaigner vos bienfaits incertains,
    Et je ne viens ici...

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    Souvent le malheureux sourit parmi ses pleurs,
    Et voit quelque plaisir naître au sein des douleurs.
    Sous ses hauts monts ainsi l'Allobroge recèle,
    Sous ses monts, de l'hiver la patrie éternelle,
    Et les fleurs du printemps et les biens de l'été.
    Sur leurs arides fronts le voyageur porté
    S'étonne. Auprès des rocs d'âge en âge entassée,
    En flots...

  • (extrait)

    Vous que l'on vit toujours chéris de la fortune,
    De succès en succès promener vos désirs,
    Un moment, vains mortels, suspendez vos plaisirs :
    Malheureux... ce mot seul déjà vous importune ?
    On craint d'être forcé d'adoucir mes destins ?
    Rassurez-vous, cruels ; environné d'alarmes,
    J'appris à dédaigner vos bienfaits incertains,
    Et je ne...

  • Sisyphe malheureux, Ixion et Tantale,
    Pour leurs fraudes, larcins, et leurs iniquités,
    Par le juste vouloir des saintes déités,
    Souffrent mille tourments dans la fosse infernale.

    L'un portant un rocher toujours monte et dévale,
    L'autre a le chef, les pieds et les bras garrottés
    A la roue d'airain tournant de tous côtés,
    L'autre brûle de soif dedans...

  • Quel astre malheureux ma fortune a bâtie ?
    A quelles dures lois m'a le Ciel attaché,
    Que l'extrême regret ne m'ait point empêché
    De me laisser résoudre à cette départie ?

    Quelle sorte d'ennuis fut jamais ressentie
    Egale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché ?
    Qui jamais vit coupable expier son péché,
    D'une douleur si forte, et si peu divertie ?
    ...

  • Un Malheureux appelait tous les jours
    La mort à son secours.
    O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !
    Viens vite, viens finir ma fortune cruelle.
    La Mort crut, en venant, l'obliger en effet.
    Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.
    Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ;
    Qu'il est hideux ! que sa rencontre
    Me cause d'horreur et d'...

  • En un petit esquif éperdu, malheureux,
    Exposé à l'horreur de la mer enragée,
    Je disputais le sort de ma vie engagée
    Avec les tourbillons des bises outrageux.

    Tout accourt à ma mort : Orion pluvieux
    Crève un déluge épais, et ma barque chargée
    De flots avec ma vie était mi-submergée
    N'ayant autre secours que mon cri vers les cieux.

    ...

  • Souvent le malheureux songe à quitter la vie ;
    L'espérance crédule à vivre le convie.
    Le soldat sous la tente espère, avec la paix,
    Le repos, les chansons, les danses, les banquets.
    Gémissant sur le soc, le laboureur d'avance
    Voit ses guérets chargés d'une heureuse abondance.
    Moi, l'espérance amie est bien loin de mon coeur.
    Tout se couvre à mes yeux d'...