• En avant ! la classe ouvrière,
    La classe ouvrière, en avant !

    Venez, l'enfant ; venez, la femme,
    Pâles meurtris des greniers froids
    La douleur affirme ses droits,
    Les sanglots ont fait leur programme.
    Il faut à tout être vivant
    Sol, outils, matière première.

    En avant ! la classe ouvrière,
    La classe ouvrière, en avant !

    Sur vous,...

  • Je pris le bateau-mouche au bas du Pont-Royal ;
    Et sur un banc devant le public trivial ;
    – O naïve impudeur ! ô candide indécence ! –
    Je vis un ouvrier avec sa connaissance,
    Qui se tenaient les mains, malgré les curieux,
    Et qui se regardaient longuement dans les yeux.
    Ils restèrent ainsi tout le long de la Seine,
    Sans faire attention au petit rire...

  •  

    C’est vrai, j’ai filé comme Hercule
    Aux pieds d’Omphale, la jolie ;
    Je fus servant de sa folie ;
    On m’a trouvé bien ridicule.

    Mon cœur au hasard s’envola,
    Sanglant, sur l’abîme fleuri.
    J’ai reposé mon front meurtri
    Sur les seins durs de Dalila.

    Mais la Bretagne, rude et franche,
    M’accueille au bord de sa feuillée.
    Mon...

  • En ces heures souvent que le plaisir abrége,
    Causant d’un livre à lire et des romans nouveaux,
    Ou me parlant déjà de mes prochains travaux,
    Suspendue à mon cou, tu me dis : Comprendrai-je ?

    Et ta main se jouant à mon front qu’elle allége,
    Tu vantes longuement nos sublimes cerveaux,
    Et tu feins d’ignorer… Sais-tu ce que tu vaux,
    Belle Ignorante aux...

  • En commençant mes études le premier pas m’a plu si fort,
    Le simple fait de la conscience, ces formes, la motilité,
    Le moindre insecte ou animal, les sens, la vue, l’amour,
    Le premier pas, dis-je, m’a frappé d’un tel respect et plu si fort,
    Que je ne suis guère allé et n’ai guère eu envie d’aller plus loin,
    Mais de m’arrêter à musarder tout le temps pour chanter...

  • En cossirer et en esmai
    sui d’un amor que.m lass’e.m te,
    que tan no vau ni sai ni lai
    qu’ilh ades no.m tenh’ en so fre,
    c’ aras m’a dat cor e talen
    qu’ eu enqueses, si podia,
    tal que, si.l reis l’enqueria,
    auria faih gran ardimen.

    Ai las, chaitius! e que.m farai?
    ni cal cosselh penrai de me?
    Qu’ela no sap lo mal qu’eu trai
    ni...

  • En Daulphiné Ceres faisoit encor moisson,
    Estant a Millery Bacchus en sa boisson :
    Parquoy ie puis iuger, voyantz les vins si vertz,
    Que Venus sera froide encor ces deux hyuerz.

    En Dauphiné Cérès faisait encore moisson,
    Étant à Millery Bacchus en sa boisson :
    Par quoi je puis juger, voyant les vins si verts,
    Que Vénus sera froide encore ces deux...

  •  
    C’est en deuil surtout que je l’aime :
    Le noir sied à son front poli,
    Et par ce front le chagrin même
               Est embelli.

    Comme l’ombre le deuil m’attire,
    Et c’est mon goût de préférer,
    Pour amie, à qui sait sourire...

  •  
    Dans ta haute demeure
    Dont l’air est étouffant,
    De l’accent dont on pleure
    Tu chantes, douce enfant.

    Tu chantes, jeune fille.
    Ton père, c’est le roi.
    Autour de toi tout brille,
    Mais tout soupire en toi.

    Pense, mais sans rien dire ;
    Aimer t’est défendu ;
    Doux être, ton sourire
    En naissant s’est perdu.

    Tu te sens...

  • Sur le rempart, portant mon lourd fusil de guerre,
    Je vous revois, pays que j’explorais naguère,
    Montrouge, Gentilly, vieux hameaux oubliés
    Qui cachez vos toits bruns parmi les peupliers.
    Je respire, surpris, sombre ruisseau de Bièvre,

    Ta forte odeur de cuir et tes miasmes de fièvre.
    Je vous suis du regard, pauvres coteaux pelés,
    Tels encor que jadis...