• Sur un rocher désert, l’effroi de la nature,
    Dont l’aride sommet semble toucher les cieux,
    Circé, pâle, interdite, et la mort dans les yeux,
          Pleurait sa funeste aventure.
          Là, ses yeux errants sur les flots,
    D’Ulysse fugitif semblaient suivre la trace.
    Elle croit voir encor son volage héros ;
    Et, cette illusion soulageant sa disgrâce,...

  • Petit Jésus qui souffrez déjà dans votre chair
    Pour obéir au premier précepte de la Loi,
    Or, nous venons en ce jour saintement doux-amer,
    Vous offrir les prémices aussi de notre foi.

    Pour obéir, nous autres, à votre obéissance,
    Nous apportons sur l’autel le parfait hommage
    De nos péchés pénitents à votre innocence,
    Sur l’autel blanc où votre sang si...

  •  
    Autour de toi la vie est comme un cirque immense,
    Où le troupeau stupide et fauve des humains,
    Depuis l’aube des temps, se rue, avec des mains
    De haine, avec des fronts et des yeux de démence.

    Un nuage de feu vivant, d’éclairs zébré,
    De la vapeur du sang versé couvre l’arène,
    Et, voile triomphal drapé de terreurs, traîne
    Sa pourpre aux pans...

  • L’or serait tout, s’il était maître des idées,

    Mais lentement, mais jour à jour,
    Avec terreur, avec amour,
    ...

  •  
    I

    Le règne est arrivé de leur sagesse impie ;
    Ils ont touché le sol de leur chère utopie.
    Pour fonder à leur gré la cité de la chair,
    Le Seigneur leur livra la mer, la terre et l’air.

    Libres du joug des mœurs, libres des lois divines,
    Seuls maîtres, seuls debout sur toutes les ruines,
    Ils promènent partout le stupide niveau,
    Règle...

  • Déesse, dis comment ce fut le Roi, ton fils,
    Guerrier pareil aux Dieux, qui façonna jadis
    La Cithare, pieux vainqueur du fleuve sombre,
    Puis inventa les Chants soumis aux lois du Nombre,
    Envolés et captifs et gardant leur trésor
    Comme un voile fermé par une agrafe d'or !
    Le soir baignait de feux les cimes du Rhodope.
    Ces grands monts désolés que la nue...

  •  
    À mon ami A. Pigny.

    I

    Soulevant le rideau des ombres,
    La pâle lune, lentement,
    Des fleuves noirs aux forêts sombres
    Étale son rayonnement,

    Et sur le vert tapis des mousses
    Où la nuit épand sa fraîcheur,
    On sent planer deux choses douces.
    La solitude et la blancheur.

    Jour timide, aube solitaire
    Qui nous...

  •  

    LE clair de lune sur la ville est endormi.
    Dans le ciel ont coulé tant d’opales fondues
    Qu’au loin, dans la lumière et l’ombre confondues,
    Les astres éclipsés ne luisent qu’à demi.

    Dans l’éblouissement, les étoiles cachées
    Sont comme des yeux bleus qui regardent sans voir.
    Le clair de lune règne et, conquérant du soir,
    Fait un voile brillant...

  •  
    La nuit avait semé ses nuages limpides
    Tout autour de la lune, astre rêveur et blanc,
    Qui, du ciel bleu foncé sur l’onde au pâle flanc,
    Semblait faire pleuvoir l’argent en jets fluides.
     
    La voile, au long du mât, pendait pleine de rides,
    Tant la brise était molle et le flot somnolent.
    Mes songes, balancés au gré du bateau lent,
    Suivaient...