• Qu’il est doux d’être au monde, et quel bien que la vie !
    Tu le disais ce soir par un beau jour d’été.
    Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
    Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

    Nos chevaux, au soleil, foulaient l’herbe fleurie.
    Et moi, silencieux, courant à ton côté,
    Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
    Mais dans le fond du coeur je...

  • Non, mon cher, Dieu merci ! pour trois mots de critique
    Je ne me suis pas fait poète satirique ;
    Mon silence n’est pas, quoiqu’on puisse en douter,
    Une prétention de me faire écouter.
    Je puis bien, je le crois, sans crainte et sans envie,
    Lorsque je vois tomber la muse évanouie
    Au milieu du fatras de nos romans mort-nés,
    Lui brûler, en passant, ma...

  • Jusqu’au jour, ô Pologne ! où tu nous montreras
    Quelque désastre affreux, comme ceux de la Grèce,
    Quelque Missolonghi d’une nouvelle espèce,
    Quoi que tu puisses faire, on ne te croira pas.
    Battez-vous et mourez, braves gens. – L’heure arrive.
    Battez-vous ; la pitié de l’Europe est tardive ;
    Il lui faut des levains qui ne soient point usés.
    Battez-vous...

  • HORACE

    Lorsque je t’avais pour amie,
    Quand nul jeune garçon, plus robuste que moi,
    N’entourait de ses bras ton épaule arrondie,
    Auprès de toi, blanche Lydie,
    J’ai vécu plus joyeux et plus heureux qu’un roi.

    LYDIE

    Quand pour toi j’étais la plus chère
    Quand Chloé pâlissait auprès de Lydia,
    Lydia, qu’on vantait dans l’...

  • HORACE

    Du temps où tu m’aimais, Lydie,
    De ses bras, nul autre que moi
    N’entourait ta gorge arrondie ;
    J’ai vécu plus heureux qu’un roi.

    LYDIE

    Du temps où j’étais ta maîtresse,
    Tu me préférais à Chloé ;
    Je m’endormais à ton côté,
    Plus heureuse qu’une déesse.

    HORACE

    Chloé me gouverne à présent,
    ...

  • Quel est donc ce chagrin auquel je m'intéresse ?
    Nous nous étions connus par l'esprit seulement ;
    Nous n'avions fait que rire, et causé qu'un moment,
    Quand sa vivacité coudoya ma paresse.

    Puis j'allais par hasard au théâtre, en fumant,
    Lorsque du maître à tous la vieille hardiesse,
    De sa verve caustique aiguisant la finesse,
    En Pancrace ou Scapin le...

  • Qu’un jeune amour plein de mystère
    Pardonne à la vieille amitié
    D’avoir troublé son sanctuaire.
    D’une belle âme qui m’est chère
    Si j’ai jamais eu la moitié,
    Je vous la lègue tout entière.

    1843.

  • Ne me parlez jamais d’une vieille amitié,
    Dans vos cheveux dorés quand le printemps se joue
    Lui, qui vous a laissé ― lui, si vite oublié ! ―
    Sa fraîcheur dans l’esprit et sa fleur sur la joue !