• Toi qui vis au dedans d’une chair vulnérable,
    En butte à l’ennemi que tu veux protéger,
    Ô pauvre âme, pourquoi rechercher le danger
    Et te rendre toi-même abjecte & misérable ?

    Ayant avec la vie un bail si peu durable,
    Pourquoi parer un corps qui n’est qu’un étranger ?
    De riches ornements à quoi bon surcharger
    Ta fragile demeure assise sur le sable...

  • Mais après les merveilles
    Qui n’ont pas de pareilles
    De l’épaule et du sein,
    Faut sur un autre mode
    Dresser une belle ode
    Au glorieux bassin.

    Faut célébrer la blanche
    Souplesse de la hanche
    Et sa mate largeur,
    Dire le ventre opime
    Et sa courbe sublime
    Vers le sexe mangeur

    Que chastement, encore
    Que joliment, décore...


  • ...

  • VI

    Prêcher la guerre après avoir plaidé la paix !
    Sagesse, dit le sage, eh quoi, tu me trompais !
    O sagesse, où sont donc les paroles clémentes ?
    Se peut-il qu'on t'aveugle ou que tu te démentes ?
    Et la fraternité, qu'en fais-tu ? te voilà
    Exterminant Caïn, foudroyant Attila !
    - Homme, je ne t'ai pas trompé, dit la sagesse....

  • Je vous offre, amis lecteurs,
    Un bien gros bouquet des fleurs
            De ma province;
    Pour vous, quand vous aurez lu,
    Et pour moi j’aurais voulu
            Qu’il fût plus mince.

    L’avais-je cueilli pour vous
    Sous l’ombrage frais et doux
            De nos futaies,
    Dans les champs et dans les prés,
    Sur les talus empourprés,
            Au...

  • LE FAVNE

    Ces nymphes, je les veux perpétuer.

    Ces nymphes, je les veux perpétuer. Si clair,
    Leur incarnat léger, qu’il voltige dans l’air
    Assoupi de sommeils touffus.

    ...


  • ...

  • Après les vents, après le triste orage,
    Après l'yver, qui de ravines d'eaux
    Avoit noyé des boeufs le labourage,

    Voicy venir les ventelets nouveaux
    Du beau printemps : desja dedans leur rive
    Se vont serrer les éclarcis ruisseaux.

    Mon Dieu, pour moy cette saison n'arrive.
    Le triste yver dure tousjours pour moy.
    Si bien Amour de mon...

  • Il ne veut pas dormir, mon Petit...
    Mon petit
    Ne veut pas dormir, et rit ! et tend à la lumière
    Le hasard agrippant et l'unité première
    De son geste ingénu qui ne se sait porteur
    Des soirs d'Hérédités, - et tend à la lumière
    Du grossi soleil son geste qui s'étourdit
    D'être du monde !...

    Ta mère va, mon petit
    Qui te donnes à la vie !...

  • Quoique tes sourcils méchants
    Te donnent un air étrange
    Qui n'est pas celui d'un ange,
    Sorcière aux yeux alléchants,

    Je t'adore, ô ma frivole,
    Ma terrible passion !
    Avec la dévotion
    Du prêtre pour son idole.

    Le désert et la forêt
    Embaument tes tresses rudes,
    Ta tête a les attitudes
    De l'énigme et du secret.

    Sur ta...