• Je meurs, et les soucis qui sortent du martyre
    Que me donne l'absence, et les jours, et les nuits
    Font tant qu'à tous moments je ne sais que je suis,
    Si j'empire du tout ou bien si je respire ;

    Un chagrin survenant mille chagrins m'attire
    Et me croyant aider moi-même je me nuis,
    L'infini mouvement de mes roulants ennuis
    M'emporte, et je le sens,...

  • Je meurs de soif en couste la fontaine ;
    Tremblant de froit ou feu des amoureux ;
    Aveugle suis, et si les autres maine ;
    Povre de sens, entre saichans l'un d'eulx ;
    Trop negligent, en vain souvent songneux ;
    C'est de mon fait une chose faiee,
    En bien et mal par Fortune menee.

    Je gaingne temps, et pers mainte sepmaine ;
    Je joue et ris, quant me...

  • Ô jour qui meurs à songer d'elle
    Un songe sans raison,
    Entre les plis du noir gazon
    Et la rouge asphodèle ;

    N'est-ce pas, aux feux du plaisir
    Inclinée et rebelle,
    Elle encor, mais cent fois plus belle,
    Et de flamme à saisir ?

    ... là-bas monte la voix dernière
    D'un bouvier sous les cieux.
    On n'entend plus que ses essieux
    ...

  • Ah ! ne me baisez plus, ah ! mon coeur, je me meurs,
    Doucement je languis, doucement je me pâme,
    Dessus ta lèvre molle erre et flotte mon âme
    Saoule de la douceur des plus douces humeurs.

    Je la vois qui volète entre les vives fleurs
    Et ne craint tes beaux yeux clairs et ardents de flamme ;
    Sur ton bord soupirant la cannelle et le bame,
    Altérée elle...

  • Si tu meurs en jeunesse, autant as tu gousté
    D'amour, et de douceur durant ce peu d'espace,
    Que si de deus cens ans tu par-faisois la trace,
    Nul plaisir est nouveau sous le ciel revouté :

    Pour boire plusieurs fois le ventre degousté
    N'en est de rien plus soul, la corruptible masse
    De ce cors que tu traine, est semblable à la tasse
    Qui ne retient...

  • Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
    J'ai chaud extrême en endurant froidure :
    La vie m'est et trop molle et trop dure.
    J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

    Tout à un coup je ris et je larmoie,
    Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
    Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
    Tout en un coup je sèche et je verdoie.

    Ainsi Amour...

  • Malgré moi vis, et en vivant je meurs ;
    De jour en jour s'augmentent mes douleurs,
    Tant qu'en mourant trop longue m'est la vie.
    Le mourir crains et le mourir m'est vie :
    Ainsi repose en peines et douleurs !

    Fortune m'est trop douce en ses rigueurs,
    Et rigoureuse en ses feintes douceurs,
    En se montrant gracieuse ennemie
    Malgré moi.

    Je...

  • Je meurs, ô doux baisers, et sens dedans mon âme
    Éteindre mon amour, brandon après brandon,
    Et prête de voler sur le bord où Charon
    Blesse le sein des eaux de son ancienne rame.

    Et puis je sens encore, en vous baisant, Madame,
    Dé mes terribles maux la douce guérison,
    Ne baisant plus, je meurs, puis en votre giron
    Rebaisant je sens bien revivre et...

  • Je vivois mais je meurs, et mon coeur gouverneur
    De ces membres, se loge autre part : je te prie
    Si tu veux que j'acheve en ce monde ma vie,
    Rend le moy, ou me rens au lieu de luy ton coeur.

    Ainsi tu me rendras à moy-mesme, et tel heur
    Te rendra mesme à toy : ainsi l'amour qui lie
    Le seul amant, liera et l'amant et l'amie :
    Autrement ta rigueur feroit...

  • Je me meurs tous les jours en adorant Sylvie,
    Mais dans les maux dont je me sens perir,
    Je suis si content de mourir,
    Que ce plaisir me redonne la vie.

    Quand je songe aux beautez, par qui je suis la proye
    De tant d'ennuis qui me vont tourmentant,
    Ma tristesse me rend content,
    Et fait en moy les effets de la joye.

    Les plus beaux yeux du...