• Ce doux hiver qui égale ses jours 
    À un printemps, tant il est aimable,  
    Bien qu’il soit beau, ne m’est pas agréable,  
    J’en crains la queue, et le succès toujours.

    J’ai bien appris que les chaudes amours,  
    Qui au premier vous servent une table 
    Pleine de sucre et de mets délectable,  
    Gardent au fruit leur amer et leurs tours.

    Je vois déjà...

  • II

    Et voilà donc les jours tragiques revenus !
    On dirait, à voir tant de signes inconnus,
    Que pour les nations commence une autre hégire.

    Pâle Alighieri, toi, frère de Cynégire,
    O sévères témoins, ô justiciers égaux,
    Penchés, l'un sur Florence et l'autre sur Argos,
    Vous qui fîtes, esprits sur qui l'aigle se pose,
    Ces...

  • Lorsque l’été flambant brûle la ville lasse,
    Et le peuple pointu des toits capricieux,
    Le vieux gardien du vieux beffroi suit de ses yeux
    L’ombre lente qui fait le tour de la grand’place.

    Et c’est d’abord, au jour levé,
    Les trois pignons des Trois Rois Mages,
    Laissant flotter leur triple image
    Sur les bosses du lourd pavé.

    Vers dix heures, c’...

  •  
    Eugène, puisque Juin, le plus feuillu des mois,
    Est de retour, veux-tu tous deux aller au bois ?
    Ensemble et seuls, veux-tu, sous l’épaisse ramure,
    Prendre un long bain de calme, et d’ombre, et de verdure ?
    Viens-t-en sous la forêt de Meudon ou d’Auteuil
    Ouïr gaîment siffler le merle et le bouvreuil.
    Vois, ami, le beau ciel ! la belle matinée !...

  •  

    Ami, l’onde est plus douce, et le vent à nos voiles
    Porte les frais parfums de la verte saison.
    Le sol berce les fleurs, l’eau berce les étoiles ;
    Voyez jouer la vague et fleurir le gazon.

    L’hiver au ciel de neige, aux jours gris et moroses,
    Descend, triste vieillard, dans le sombre tombeau ;
    Et la brise a baigné son aile au sein des roses,
    ...

  • Au long des cours, des impasses et des venelles

    Des vieux quartiers retraits,
    La pluie
    Semble à jamais

    Chez elle.

    Elle y tombe depuis novembre,

    Continûment, à petit bruit,
    Elle y tombe, le jour, la nuit ;
    Et nul ne sait quand elle aura fini
    De...

  •  

    Jadis je logeais haut, tout contre la gouttière :
    Tapi souvent à ma fenêtre en tabatière,
    Rêvant à ma misère, à tant d’affronts subis,
    J’écoutais les marchands de légumes, d’habits :
    Et les tuyaux des toits, chefs-d’œuvre des fumistes,
    Rayaient de noir le fond de mes grands yeux si tristes,
    J’entendais quelquefois un doux bruit de grelots,
    Et...

  •  
    Nous recevions sa visite assidue ;
    J’étais enfant. Jours lointains ! Depuis lors
    La porte est close et la maison vendue :
           Les foyers vendus sont des morts.

    Quand j’entendais son pas de demoiselle,
    Adieu mes jeux ! Courant...

  •  

    LES jours ont fui, pareils a des oiseaux sauvages, ―
    Des oiseaux blancs, des oiseaux gris, des oiseaux noirs, ―
    Qui s’en vont sans retour vers de lointains rivages,
    Bonheurs, tristesses, deuils, rires, sanglots, espoirs…

    Les jours ont fui, pareils à des oiseaux sauvages.

    En silence, ils se sont envolés pour toujours,
    Emportés par l’élan de leurs...

  • Printemps, par tes premiers beaux jours,

    Où l’on s’en va avec la simple joie
    D’aller, droit devant soi
    Toujours,
    Les champs semblent si doucement frémir à l’air
    Qu’on les dirait vierges et clairs
    Comme aux saisons les plus jeunes du monde.
    Les fleurs bonnes, les eaux profondes
    Et les mousses d’argent et d’or,...