• Je ne veux plus aimer que ma mère Marie.
    Tous les autres amours sont de commandement.
    Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement
    Pourra les allumer aux coeurs qui l'ont chérie.

    C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis,
    C'est par Elle que j'ai voué ce sacrifice,
    Et la douceur de coeur et le zèle au service,
    Comme je la priais, Elle les a permis ......

  • Je te dois bien aimer, ô déesse Inconstance,
    Car tu m'as déchargé du faix de mes douleurs,
    Tu as éteint ma flamme et chassé mes malheurs,
    De mes maux plus cuisants me donnant allégeance.

    J'avais cru jusqu'ici, trop facile créance,
    Que la légèreté, l'espoir, et les erreurs,
    Te suivaient pas à pas, ministres des langueurs,
    Qui font que les Amants...

  • Il est vrai, jeune Iris, que vous savez aimer,
    Et vos regrets en sont d'illustres témoignages ;
    D'un exemple si beau l'on se sent animer,
    Et mille amants depuis vous offrent leurs hommages.
    De vos chagrins, de vos rigueurs,
    De vos soupirs, de vos langueurs,
    Chacun se fait de nouveaux charmes ;
    Puisqu'elle aimait, dit-on, peut-être elle aimera ;
    Heureux...

  • Âme ! être, c'est aimer.

    Il est.

    C'est l'être extrême.
    Dieu, c'est le jour sans borne et sans fin qui dit : j'aime.
    Lui, l'incommensurable, il n'a point de compas ;
    Il ne se venge pas, il ne pardonne pas ;
    Son baiser éternel ignore la morsure ;
    Et quand on dit : justice, on suppose mesure.
    Il n'est point juste ; il est. Qui n'est que...

  • Qu'il est doux, au retour de la froide saison,
    Jusqu'au printemps nouveau regagnant la maison,
    De la voir devant vous accourir au passage,
    Ses cheveux en désordre épars sur son visage !
    Son oreille de loin a reconnu vos pas :
    Elle vole, et s'écrie, et tombe dans vos bras ;
    Et sur vous appuyée et respirant à peine,
    A son foyer secret loin des yeux vous...

  • Si d'un mot échappé l'outrageuse rudesse
    A pu blesser l'amour et sa délicatesse,
    Immobile il gémit, songe à tout expier.
    Sans honte, sans réserve, il faut s'humilier
    Églé, tombe à genoux, bien loin de te défendre ;
    Tu le verras soudain plus amoureux, plus tendre,
    Courir et t'arrêter, et lui-même à genoux
    Accuser en pleurant son injuste courroux.
    ...

  • Quand l'ardente saison fait aimer les ruisseaux,
    A l'heure où vers le soir, cherchant le frais des eaux,
    La belle nonchalante à l'ombre se promène,
    Que sa bouche entr'ouverte et que sa pure haleine
    Et son sein plus ému de tendresse et de voeux
    Appellent les baisers et respirent leurs feux ;
    Que l'amant peut venir, et qu'il n'a plus à craindre
    La raison...

  • Ainsi le jeune amant, seul, loin de ses délices,
    S'assied sous un mélèze au bord des précipices,
    Et là, revoit la lettre où, dans un doux ennui,
    Sa belle amante pleure et ne vit que pour lui.
    Il savoure à loisir ces lignes qu'il dévore ;
    Il les lit, les relit et les relit encore,
    Baise la feuille aimée et la porte à son coeur.
    Tout à coup de ses doigts...

  • Des trois sortes d'aimer la première exprimée
    En ceci c'est l'instinct, qui peut le plus mouvoir
    L'homme envers l'homme, alors que d'un hautain devoir
    La propre vie est moins qu'une autre vie aimée.

    L'autre moindre, et plus fort toutefois enflammée,
    C'est l'amour que peut plus l'homme à la femme avoir.
    La tierce c'est la nôtre, ayant d'un tel pouvoir
    De...

  • N'oser aimer celui, doué de bonne grâce,
    Qui est à ses amis sans artifice aucun,
    Ne parler à personne, éloigner un chacun,
    Fuir ce que la gloire aimablement pourchasse :

    Marcher piteusement avecque triste face
    Avoir le chef couvert d'un grand voile importun,
    Vivotter mal-en-point - usage trop commun -
    Et comme un prisonnier ne bouger d'une place,
    ...