Je te dois bien aimer, ô déesse Inconstance,
Car tu m'as déchargé du faix de mes douleurs,
Tu as éteint ma flamme et chassé mes malheurs,
De mes maux plus cuisants me donnant allégeance.
J'avais cru jusqu'ici, trop facile créance,
Que la légèreté, l'espoir, et les erreurs,
Te suivaient pas à pas, ministres des langueurs,
Qui font que les Amants languissent en souffrance...
Mais ce qu'on dit de toi n'est rien que fausseté,
Je te donne à bon droit le nom de déité :
En ma faveur tu fais que ma dame inconstante
Cherche un autre parti, et me rends inconstant
Afin de la quitter, et voir en la quittant
Comme je vois mourir ma peine violente.