J’étais hier la voyageuse solitaire.
J’allais, portant au cœur une âpre anxiété…
J’avais besoin de toi comme d’un flot d’été,
D’un flot purifiant où l’on se désaltère.

Aujourd’hui, mon silence a des bonheurs pensifs.
O très chère ! et mon âme est une coupe...

Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceuls
Savent la volupté divine d’être seuls.

Leur sagesse a pitié de l’ivresse des couples,
De l’étreinte des mains, des pas aux rythmes souples.

...

 
    Protectrice de ce qui s’efface et qui fuit,
    Souveraine des bois, des sommets et des rives,
    Toi qui prêtes un songe illusoire aux captives
    Que le malheur inné de leur race poursuit,

    Toi dont le regard froid et mystique traduit
    Le pâle...

 
De la nuit chaotique un cri d’horreur s’exhale.
Venez, nous errerons tous trois sous la rafale…

Les gouffres lanceront vers nous leurs noirs appels.
Nous passerons, ô mes compagnons éternels !

L’éclair nous épouvante et la nuit nous désole…
O vieux Lear,...

 
        Sous un ciel ambigu, l’olivier et l’acanthe
        Mêlent subtilement leurs frissons bleus et verts,
        Et dans l’ombre fleurit, comme un songe pervers,
        L’harmonieux baiser de l’amante à l’amante.

        Les cheveux aux bruns roux d’automne...

 
Voici l’heure amoureuse où chante la Sirène…
Les souvenirs sont des grappes que l’on égrène.

Le silence est pareil à l’écho d’une voix,
Et je me tourne, avec les regards d’autrefois,

Vers celles qu’aujourd’hui mon baiser importune,
Celle qui fut ma Loreley...

D’ombres et de démons je peuplai l’univers.
Avant Eve, je fus la lumière du monde
Et j’aimai le Serpent tentateur et pervers.
Je conçus l’Irréel dans...

 
Vois, tandis que gauchit la bruine sournoise,
Les nuages pareils à des chauves-souris,
Et là-bas, gris et bleu sous les cieux bleus et gris,
Ruisseler le reflet pluvieux de l’ardoise.

O mon divin Tourment, dans tes yeux bleus et gris
S’aiguise et se ternit...

 
Les nuages flottants déroulaient leur écharpe
Dans le ciel pur, de la couleur des fleurs de lin.
J’étais fervente et jeune et j’avais une harpe.
Le monde se paraît, suave et féminin.

Dans la forêt, des gris violets d’amarante
Réjouissaient mes yeux larges...

Prolonge la nuit, Déesse qui nous brûles !
Éloigne de nous l’aube aux sandales d’or.
Déjà, sur l’étang, les vertes libellules
          Ont pris leur...