• Des Groënlands et des Norvèges
    Vient-elle avec Seraphita ?

    C’est un parc scandinave, aux sapins toujours verts,
    Où le vent automnal courbe les fleurs d’hivers
    Dans les vases de marbre anciens sur la terrasse ;
    Et la vierge royale en qui revit la race
    Des brumeux Suénon dont son père descend,
    L’...

  • Oh ! les longs, longs baisers sur sa bouche et ses yeux,
    La chair mordue ainsi qu’un fruit délicieux,
    Et le matin, le lent enroulement des tresses,
    Les regards échangeant leurs dernières caresses,
    Les angoisses, le soir, situ ne venais pas,
    Ou les bonds de mon cœur quand j’entendais tes pas :
    Vision du passé, pourquoi m’être apparue
    Devant les deux...

  • La pleine mer moutonne au loin sur les brisants.
    Dans les rocs qu’ont usés les flots et les jusants,
    La lame écume et bout au pied de la falaise ;
    Et, debout dans le vent, la jeune Granvillaise,
    Un bras devant les yeux, regarde à l’horizon,
    Car l’équinoxe approche et voici la saison
    Où la côte normande a le plus de naufrages ;
    Et les gens sont au large...

  • La coupe où sans regret tu versas l’affreux vin
    Reste la coupe d’or d’un échanson divin !

    La nuit qui scintillait quand nous nous séparâmes
    Reste l’ombre étoilée où montaient nos deux âmes !

    La fleur qui mourra loin de tes profonds cheveux
    Reste l’œillet béni qui servait les aveux !

    Le vent qui passe et prend le baiser qu’on oublie
    Reste le messager...

  • L’Europe renaissait, et la pensée humaine
    Si longtemps prisonnière allait rompre sa chaîne ;
    Jours de lutte et de sang pleins d’ombre et de soleil.
    Déjà la Renaissance et son éclat vermeil
    Avaient illuminé la nuit sombre du cloître.
    L’esprit voulait enfin s’affranchir et s’accroître ;
    Et, bravant l’Empereur, et le Pape, et l’Enfer,
    De sa voix d’ouragan...

  • Suspendue aux rameaux plus qu’obligeants d’un frêne,
    Tu t’inclines vers l’eau limpide de la Seine :
    Ton visage charmant s’y reflète, et tu ris.
    Très-bien. C’est un miroir qui vaut ceux de Paris.
    Mais, prends bien garde, enfant ! si tout à coup le fleuve
    Te volait ton image exquise et toute neuve,
    Et s’en allait, joyeux, la porter à la mer !…
    Vois-tu...

  • Comme nous revenions du Bois, un soir de mai,
    Un de ces tièdes soirs où notre âme amollie
    Se laisse aller au fil de la mélancolie,
    Pour s’être trop mirée aux yeux de l’être aimé,

    Elle s’assit, très-triste, au fond d’une causeuse ;
    Et sur le velours sombre et vert, son front pâli
    Ressortit lumineux dans un jour affaibli,
    Le jour mystérieux et doux d’...

  • Sous les abris pompeux des hautes colonnades,
    Et dans les carrefours bruyants du vieux Paris,
    Que j’ai suivi de fois vos lentes promenades,
    Logogriphes vivants, sphinx par moi seul compris !

    La foule en vous voyant s’écarte méprisante,
    Car vos habits sont vieux, et vos manteaux usés,
    Mais moi, je vous observe et je me représente
    Les drames qu’ont...

  • L’âme écoute toute ravie
    Le rossignol qui chante en vous :
    Vous feriez adorer la vie,
    En l’éclairant de vos yeux doux.

    Votre voix a le charme étrange
    Les appels d’oiseau dans les bois :
    Vous rappelez cette mésange
    Qu’un pauvre moine d’autrefois

    Écouta pendant cent années
    Chanter au fond d’une forêt :
    Les fleurs pleuraient...

  • Quand le vaisseau, bercé par la mer caressante,
    S’arrête aux bords heureux de la terre de Zante
    Que les Italiens nomment « fleur du Levant »‚
    Le voyageur vers lui voit voler cent nacelles,
    Toutes pleines de fleurs humides et nouvelles
    Dont l’âme errante flotte et parfume le vent.

    On dirait des jardins balancés sur les lames,
    Et ce sont des œillets...