• Sur ta haute colonne, ô Poète stylite,
    Tu t’es enseveli, tout vivant dans le ciel :
    ― Sous toi, comme une mer, la Vie en vain s’agite,
    Jetant d’un pôle à l’autre un sanglot éternel.

    Au seuil de l’Infini tu te dresses dans l’ombre,
    Interrogeant l’abîme où le temps vient mourir ;
    Son silence te parle, et, dans sa voûte sombre,
    Par les trous du soleil tu...

  • L’aventurier, d’un sang plus pur qu’un sang royal,
    Etant né de celui des belles républiques,
    Appuie aux étriers d’airain ses pieds obliques,
    Et, du bras gauche, enlève et retient son cheval.

    II ouvre l’autre bras dans un geste loyal,
    Ayant choisi, d’un cœur dévot à ces reliques,
    Dans les drapeaux empreints d’animaux symboliques,
    Le vieux Lion plutôt...

  • Il faudrait, pour quitter la ville, un vieux bateau,
    Suivant l’eau lentement, sans voiles et sans rames ;
    Sur des nuages blancs, aussi blancs que des femmes,
    Le ciel d’été, l’azur étendrait son manteau.

    Serré dans le granit comme dans un étau,
    Le fleuve mord ses bords et glisse en courtes lames ;
    Et la ville aux toits bleus tout pailletés de flammes
    ...

  • C’est par eau qu’il faut y venir.
    La berge a peine à contenir
    Le fouillis d’herbes et de branches,
    Ce monde petit et charmant,

    La grande roue en mouvement,
    Les vannes et leurs ponts de planches.

    Un bruit frais d’écluses et d’eau
    Monte derrière le rideau
    De la ramure ensoleillée.
    Quand on approche, il est plus clair ;
    Le barrage...

  • Les vieux maîtres anciens, sur la toile ou le fer,
    Inscrivaient de leurs mains augustes et hautaines

    Leur nom, pour qu’on le sût dans les races lointaines.
    Signer leur œuvre était pour eux un souci cher.

    D’autres, dont l’art moins haut n’a pas connu l’enfer
    De l’orgueil, soldats forts près des grands capitaines,
    Ont passé comme va l’eau paisible aux...

  • Hôtels du Vieux Rempart et de la Cour du Prince,

    Secrètement, en des lieux sûrs,
    Vous recélez entre vos murs,

    Les coffres-forts rivaux de l’avare province.

    Des muffles de lions se crispent aux vantaux

    Lourds et luisants de vos grand’portes,
    Et les cent lances d’...

  •  
    Le soleil est toujours brûlant ; et les blés d’or,
    Autour des seuils, au bord des eaux, le long des sentes,
    Au souffle assoupissant du fiévreux Thermidor
    Balancent tristement leurs ondes languissantes.

    Avec les blés les fruits, déjà mûrs, charment l’œil.
    L’ombreux verger rougeoie, et le pré chaud rayonne.
    Notre terre féconde étale avec orgueil...

  • Vous, dont les bras tenaces sont à vendre ;

    Faucheurs, aoûterons, betteraviers,
    Vous désertez vos champs familiers,
    Avec de la poussière de Flandre

    À vos souliers.

    Et vous roulez, dans les bagarres,

    De train en train, de gare en gare,
    Portant bissac à...

  • Aimer la Vérité,

    C’est aimer dans son cœur une Naïade blanche.

    Le peintre la demande aux rires des couleurs.

    C’est aimer dans son cœur une Naïade blanche.

    Le peintre la demande aux rires des couleurs.

    Sans la beauté de Dieu, le cœur de l’homme est sombre.

    Quelquefois le génie est le mot d’un...

  •  
    Dans le xyste où rêvait sa jeunesse immortelle,
    L’éphèbe Antinoos aux jardins de Tibur
    Vit, parmi les débris détachés de sa stèle,
    Les ronces l’envahir sous l’impassible azur.

    À l’heure où les ramiers, d’un lourd battement d’aile,
    Font trembler l’ombre claire aux blancheurs du vieux mur,
    Seul, le tiède baiser de la clarté fidèle
    Consolait la...