Sur ta haute colonne, ô Poète stylite,
Tu t’es enseveli, tout vivant dans le ciel :
― Sous toi, comme une mer, la Vie en vain s’agite,
Jetant d’un pôle à l’autre un sanglot éternel.
Au seuil de l’Infini tu te dresses dans l’ombre,
Interrogeant l’abîme où le temps vient mourir ;
Son silence te parle, et, dans sa voûte sombre,
Par les trous du soleil tu vois Dieu resplendir.
La foule douloureuse attend dans les ténèbres
Qu’une lueur révèle une route à ses pas
Et qu’une voix réponde à ses appels funèbres ;
Et toi, joyeux d’espoir, tu lui montres là-bas,
Par-delà cette nuit où tout sommeille encore,
Tout au fond des cieux noirs, à l’horizon, l’Aurore.