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    Maudite à jamais soit ton inutile image,
    Devant qui s’inclinait la mitre du faux sage !
    Maudit sois-tu, Melqart, implacablement sourd
    À la clameur montant du rivage de Zoûr,
    À ton peuple expirant sous le fouet des colères !
    Toi dont la Force armait l’éperon des galères
    Et qu’invoquaient, les yeux sur l’océan lointain,
    Nos matelots, cinglant...

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    LES HIÈRODOULES.

    Mais voici qu’au sommet des tours quadrangulaires,
    Sur les hauts parapets arquant leurs reins cambrés,
    Avec leurs mitres d’or aux lourdes jugulaires
    Et de légers réseaux sur leurs torses ambrés,

    Les filles de Kaldée et les filles d’Arbelles,
    Sous l’œil des bleus ramiers chers à Shammouramit,
    Livrant au vent l’éclat de...

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    Là-bas, dans la stupeur de la forêt arctique,
    Entre deux murs, taillés en plein roc granitique
    Des monts sombres creusés en défilés béants,
    Gonflé du flux fangeux de sa dernière crue,
           Un énorme fleuve se rue
    Vers le sépulcre ouvert des profonds océans.

    Il semble qu’un déluge est en marche, et l’armée
    Innombrable des flots roule, comme...

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    Il me semble parfois, quand des mains forcenées
    Saisissent aux naseaux mon cheval qui hennit,
    Que je suis une forme équestre et de granit
    Debout sur l’arche d’ombre où passent les années.

    Haut cabré, l’étalon colossal que j’étreins
    Domine une perspective monumentale,
    Où sa queue héroïque, ainsi qu’un fleuve, étale
    Sur le pavé sacré les ondes...

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    Autour de toi la vie est comme un cirque immense,
    Où le troupeau stupide et fauve des humains,
    Depuis l’aube des temps, se rue, avec des mains
    De haine, avec des fronts et des yeux de démence.

    Un nuage de feu vivant, d’éclairs zébré,
    De la vapeur du sang versé couvre l’arène,
    Et, voile triomphal drapé de terreurs, traîne
    Sa pourpre aux pans...

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    Des lampes de la crypte aux torchères du faîte,
    Cette ruée étrange aux spectres anxieux,
    Sous un ciel désormais sans ténèbre et sans yeux,
    Monte, s’enfle, et dévale, et sombre, et c’est la fête
    De l’Homme épouvanté de survivre à ses Dieux ;

    La profonde marée au flux inépuisable
    Des générations destructrices d’autels,
    Qui voient avec terreur,...

  • O Vierges ! n’est-ce pas qu’autour de mon supplice,
    Vos danses mèneront, sous la lune complice,
    Une orgie en démence au rythme bondissant,
    Et, de l’antique Olympe ébranlant les murailles,
    Feront mes funérailles
    ...

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    Les ténèbres du soir sont l’obscure muraille
    Que chaque nuit élève entre la vie et nous,
    Derrière qui, fugace et sinistrement doux,
    L’invisible se meut comme un spectre, et nous raille.

    L’homme se trouble alors et n’ose pas savoir
    Si cette Sœur muette a nos pas attachée,
    Et que nous appelons notre ombre, s’est cachée
    Pour nous laisser plus...

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    Et j’ai connu l’Enfer intérieur de l’Homme,
    La géante cité d’éternel désespoir,
    Qui lève, dans un jour sans aurore et sans soir,
    Son amoncellement de terrasses, que somme
    Une mitre de tours, rouges sous le ciel noir,

    L’inébranlable bloc dont la fatale assise,
    Ainsi qu’une forêt prodigieuse, étreint
    Le roc fondamental du monde souterrain,...

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    A l’œuvre donc, ô sombre et pur esprit humain !
    Debout ! Rhéteurs couchés dans les fleurs du chemin,
    Sages assis sous les grands arbres de la route !
    Empédocles de la connaissance, debout !
    A l’horizon sanglant le volcan gronde et bout ;
    Que vos pieds, secouant la poussière du doute,

    Sans que tremblent les os ou blêmisse la chair,
    Chaussent du...