A toi, riant Létâ, mes amours sont restés,
Mais je vais voir le monde en ses variétés.
La Sagesse m'a dit, cette muse que j'aime :
« Barde, n'excluez rien du monde et de vous-même !
Il est sage, celui qui, dans de saints transports,
Fait vibrer chaque idée...

 
Je partais pour un long voyage.
En wagon, tapi dans mon coin,
J’écoutais fuir l’aigu sillage
Du sifflet dans la nuit, au loin ;

Je goûtais la vague indolence,
L’état obscur et somnolent,
Où fait tomber sans qu’on y pense
Le train qui bourdonne...

 
LE BARDE ANGLO-AMÉRICAIN.

Comme un monstre amphibie, enveloppé de brume,
Comme un léviathan, il avance, il écume,
Et tout tremble à sa voix, tout est saisi de peur !
Cyclope menaçant, aux poumons de vapeur,
De sa gueule enflammée il sort des étincelles ;...

 

LES nuages me font songer aux grands départs
Pour des pays lointains, par delà les mers bleues…
Vous voulez voyager à des milliers de lieues ?
Fermez vos yeux d’amour : la caravelle part !

Là, nous sommes sur l’eau qui berce. Le vent chante,
La mer vaste a...

      Il me faut du nouveau, n’en fût-il plus au monde.
                                         JEAN DE LA FONTAINE.

                       Jam mens praetrepidans avet vagari,
                       Jam laeti studio pedes vigescunt....

Passer tout près, passer et regarder de loin,
Et frémir sans oser continuer la route,
Et refouler, de peur d’un indiscret témoin,
Ces derniers pleurs, tout prêts à couler goutte à goutte !

De lourds nuages gris que l’éclair déchirait
Cachaient tout l’horizon,...

 

DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde...

J’ai rompu le dernier lien
Qui me rattachait à la terre ;
Sur mon navire aérien
Je m’élance dans l’atmosphère.

Le tissu flexible et léger,
Que gonfle le subtil fluide,
Part, sans secousse et sans danger,
Au hasard du vent qui le guide.

La terre s...

 
I

Tels yeux sont des pays de glace, un climat nu
Où l’on chemine sans chemins dans l’inconnu ;
D’autres, des soirs de province pleins de fumées
Où passent des oiseaux aux ailes déplumées
Qui leur font ces plaintifs regards intermittents ;
D’autres...

De mon mystérieux voyage
Je ne t'ai gardé qu'une image,
Et qu'une chanson, les voici :
Je ne t'apporte pas de roses,
Car je n'ai pas touché aux choses,
Elles aiment à vivre aussi.

Mais pour toi, de mes yeux ardents,
J'ai regardé dans l'air et l'onde,...