LES nuages me font songer aux grands départs
Pour des pays lointains, par delà les mers bleues…
Vous voulez voyager à des milliers de lieues ?
Fermez vos yeux d’amour : la caravelle part !
Là, nous sommes sur l’eau qui berce. Le vent chante,
La mer vaste a pour borne un cercle d’horizon,
Et le ciel est sur nous comme un toit de maison.
Rêvons, car il n’est rien ici qui nous tourmente
Une rive s’annonce à la rumeur de l’air ―
En esprit, l’on voyage si vite… ― O fortune !
Comment cela se fait-il donc ? Mais c’est la lune !
Mignonne, nous voici dans un astre, c’est clair !
Nous partirons ce soir par le dernier nuage.
Le paysage est beau, mais un peu froid, vraiment…
Et puis, c’est situé bien haut le firmament…
Si l’on tombait Sortons d’ici ! Foin du voyage !
Ouvrez vos yeux, mignonne, et daignez constater,
Sans tristesse soudaine et sans folle rancune,
Comme tous nos projets finissent dans la lune,
Et qu’on en redescend toujours pour y monter !