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    Parés de lauriers éphémères,
    Tu vois courir les plus pressés,
    Et tu souris à leurs chimères,
    Doux rêveur aux calmes pensers.
     
    Mais parfois ton esprit s’étonne :
    Pourquoi produire avant le temps ?
    Les dons savoureux de l’automne
    Ne se cueillent point au printemps.

    N’importe ! dans leur folle ivresse,
    Ils vont, ils vont, les...

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    LORSQUE le grand Chénier monta sur l’échafaud
    Pour avoir écrit : Mort aux tyrans, honte aux crimes !
    Chaque degré gravi du pas fier des victimes
    L’approchait de la gloire en l’élevant plus haut !

    Son front harmonieux roula sous le couteau,
    Son beau front noble encor des poèmes ultimes,
    Et sa forte pensée, habituée aux cimes,
    S’envola d’un...

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    Il existe des fleurs qui, sur des bords déserts,
    De parfums enchantés n’embaument que les airs ;
    Sous des cieux inconnus, des sources favorables,
    Qui pourraient nous guérir, et meurent dans les sables ;
    Mais peut-être qu’un jour, de propices vaisseaux
    Viendront nous enrichir de ces trésors nouveaux.
    Semblables à ces fleurs, à ces eaux ignorées,...

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    Elle fut magnanime, héroïque et sans tache,
    Votre légende, ô fiers enfants de Saint-Eustache !

    Quand le reste pliait ; quand, à Saint-Charle en feu,
    Sacrifiant leur vie en un suprême enjeu,
    Les hardis défenseurs de notre sainte cause,
    Martyrs du grand devoir que la patrie impose,
    Étaient morts aux lueurs de leurs foyers détruits ;
    Quand les...

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    I

    Plus haut que nos sanglots montaient leurs chants de fête.
    Las de souffrir, le peuple enfin leva la tête ;
    Il regarda le ciel dans un suprême espoir,
    Et jaloux de son droit, dans la peur de déchoir,
    Il tira du fourreau les éclairs de son glaive.

    Le peuple le plus doux se réveille, et se lève
    Comme un vent de tempête, après qu’il a souffert...

  • Oui, mon vers croit pouvoir, sans se mésallier,
    Prendre à la prose un peu de son air familier.
    André, c'est vrai, je ris quelquefois sur la lyre.
    Voici pourquoi. Tout jeune encor, tâchant de lire
    Dans le livre effrayant des forêts et des eaux,
    J'habitais un parc sombre où jasaient des oiseaux,
    Où des pleurs souriaient dans l'oeil bleu des pervenches ;
    ...