•  
    Quand le temps sur nos fronts efface par degré
    L'enfance et les reflets de cet âge doré,
    Arrive la jeunesse avec toute sa sève ;
    Et par un jet nouveau le corps monte et s'élève,
    Et toujours monte ainsi, jusques à son été,
    Au faîte radieux de sa virilité.
    Et la pensée aussi va croissant d'âge en âge ;
    Mais un regret la suit à travers son voyage...

  • Quand les lilas refleuriront
    Au vent les capuchons de laine
    Robes rouges nous revêtrons
    Quand les lilas refleuriront
    Sur le tapis vert de la plaine
    Nous reviendrons danser en rond
    Quand les lilas refleuriront
    Allez dire au printemps qu’il vienne

    Quand les lilas refleuriront
    Nous redescendrons dans la plaine
    Cloches sonnez vos...

  •  
    Quand l’insecte a rongé brin à brin, feuille à feuille,
    La plante dont la fleur l'abrite et le recueille,
    Défaillant, mais fidèle à l'arbuste tari,
    Il ne va point ailleurs chercher sa nourriture ;
    Sans sève, de la faim subissant la torture,
    Il tombe et meurt avec la fleur qui l'a nourri.

    Poète, ainsi fidèle à la tige choisie,
    Nourri des sucs...

  • Quand l’ombre menaça de la fatale loi
    Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
    Affligé de périr sous les plafonds funèbres
    Il a ployé son aile indubitable en moi.

    Luxe, ô salle d’ébène où, pour séduire un roi,
    Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,
    Vous n’êtes qu’un orgueil menti par les ténèbres
    Aux yeux du solitaire ébloui de sa...

  •  
    Deux hommes sont en lui, deux hommes bien distincts,
    L’homme des préjugés & celui des instincts :
    L’un fantasque, inquiet, irritable, sceptique,
    Volontaire, dur même & quelquefois cynique ;
    L’autre tout dévoûment & générosité,
    Patience, douceur, délicate bonté,
    Esprit étincelant, charme, attachante grâce,
    Tout ce qui prend le cœur...

  •  
    Quand on est plein de jours, gaîment on les prodigue ;
    Leur flot bruyant s'épanche au hasard et sans digue ;
    C'est une source vive et faite pour courir,
    Et qu'aucune chaleur ne doit jamais tarir ;
    Pourtant la chaleur vient, et l'eau coule plus rare ;
    La source baisse ; alors le prodigue est avare :
    Incliné vers ses jours comme vers un miroir,
    ...

  • XXIV

    Quand tu me parles de gloire,
    Je souris amèrement.
    Cette voix que tu veux croire,
    Moi, je sais bien qu’elle ment.

    La gloire est vite abattue ;
    L’envie au sanglant flambeau
    N’épargne cette statue
    Qu’assise au...

  • Quand tu me racontes les frasques
    De ta chienne de vie aussi,
    Mes pleurs tombent gros, lourds, ainsi
    Que des fontaines dans des vasques,
    Et mes longs soupirs condolents
    Se mêlent à tes récits lents.

    Tu me dis tes amours premières :
    Fille des champs avec des gars,
    Puis fille en ville aux fols écarts
    Et les trahisons coutumières
    Et...

  •  
    Quand verrai-je les îles où furent des parents ?
    Le soir, devant la porte et devant l'océan
    on fumait des cigares en habit bleu barbeau.
    Une guitare de nègre ronflait, et l'eau
    de pluie dormait dans les cuves de la cour.
    L'océan était comme des bouquets en tulle
    et le soir triste comme l'été et une flûte.
    On fumait des cigares noirs et leurs...

  •  
    Sur sa tige la fleur se penche,
    L’herbe jaunit dans le sillon,
    La feuille tombe de la branche,
    Le soleil baisse à l’horizon ;

    Les bois ont perdu leur mystère,
    Les flots du lac leur bleu miroir,
    Et le sourire de la terre
    A disparu dans le ciel noir.

    Laissant à quelque rameau frêle
    Son pauvre nid vide et glacé,
    L’oiseau s’...