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    QUE la route vous soit fleurie,
    Pleine de parfums et de chants,
    Vous qui sur les coteaux penchants
    Allez cueillir la Rêverie.

    Que la Nature vous sourie,
    Vous donnant l’oubli des méchants,
    Et puisse être la clef des champs
    Légère à votre main chérie.

    Moi je demeure et me souviens ;
    Car ils sont loin de moi les biens
    Dont le...

  • Avec leur chat, avec leur chien,
    Avec, pour vivre, quel moyen ?
    S’en vont, le soir, par la grand’route,
    Les gens d’ici, buveurs de pluie,
    Lécheurs de vent, fumeurs de brume

    Les gens d’ici n’ont rien de rien,
    Rien devers eux
    Que l’infini, ce soir, de la grand’route.
     
    Chacun porte au bout d’une gaule,
    En un mouchoir...

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    Départ des Amazones Françaises des 83 départements pour les frontières (1792)
    ou
    Chanson nouvelle

    Réjouissez-vous, patriotes,
    Vous allez avoir du secours ;
    Les filles, femmes en ribotte
    Veulent se combattre à leur tour. (bis)
    A la tête des Volontaires,
    On verra ce sexe charmant,
    D'...

  • J’ai vu s’éteindre en moi le brûlant désespoir…
    Ma bouche cessera de ravager ta bouche,
    Je ne connaîtrai plus les veilles sur la couche
    De la moite Insomnie et du Désir farouche,

    Car la Mer et la Mort me rappellent, ce soir…

    La nuit...

  • Elle allait me quitter ; c’était pour très-longtemps.
    Oh ! comme le cœur bat dans ces derniers instants.
    Les départs du matin font souffrir : on s’éveille
    De la nuit plein le cœur, quand l’aurore est vermeille,
    Quand l’azur rajeuni devient rose et lilas ;
    On a les yeux gonflés : on est pâle, on est las ;
    La maison prend un air de deuil ; toutes les choses...

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    J’ai vu l’ange de la prairie,
    Au crépuscule, dans les fleurs,
    Interrompant sa rêverie,
    Entr’ouvrir ses yeux tout en pleurs.

    Le vieux saule était sans murmure,
    Dans les vagues clartés du jour,
    Et l’eau du lac était moins pure,
    Et nos cieux étaient sans amour.

    J’écoutais la triste pensée,
    Ce chant de mon ange Ariel,
    Parmi les...

  • Je crois l'entendre encor, quand, sa main, sur mon bras,
    Autour des verts remparts nous allions pas à pas :
    " Oui, quand tu pars, mon fils, oui, c'est un vide immense,
    Un morne et froid désert, où la nuit recommence ;
    Ma fidèle maison, le jardin, mes amours,
    Tout cela n'est plus rien ; et j'en ai pour huit jours,
    J'en ai pour tous ces mois d'octobre et de...

  • Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
    Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
    Assez connu. Les arrêts de la vie. - Ô Rumeurs et Visions !
    Départ dans l'affection et le bruit neufs !

  • Ils étaient là une douzaine qui mangeaient la soupe
    à la bière, et chacun d'eux avait pour cuillère l'os
    de l'avant-bras d'un mort.

    La cheminée était rouge de braise, les chandelles
    champignonnaient dans la fumée, et les assiettes
    exhalaient une odeur de fosse au printemps.

    Et lorsque Maribas riait ou pleurait, on entendait
    comme geindre un...

  • Paris, 1827.

    Compagnons, détachez des voûtes du portique
    Ces dons du voyageur, ce vêtement antique,
    Que j'avais consacrés aux dieux hospitaliers.
    Pour affermir mes pas dans la course prochaine,
    Remettez dans ma main le vieil appui de chêne
    Qui reposait à mes foyers.

    Où vais-je aller mourir ? Dans les bois des Florides ?
    Aux rives du...