• Sables de vieux os - Le flot râle
    Des glas : crevant bruit sur bruit ...
    - Palud pâle, où la lune avale
    De gros vers, pour passer la nuit.

    - Calme de peste, où la fièvre
    Cuit ... Le follet damné languit.
    - Herbe puante où le lièvre
    Est un sorcier poltron qui fuit ...

    - La Lavandière blanche étale
    Des trépassés le linge sale,
    Au...

  • Hanté de souvenirs, l'âme pleine d'images,
    Je viens à ta beauté, seul, en pèlerinage,
    Pays qui me fus bon.
    De gradin en gradin, de pensée en pensée
    J'ai gravi le sommet de l'arête dressée
    Sur ton vaste horizon.

    Et te voici, baignant dans l'or fauve d'octobre,
    Pays de mon souhait, vallée aux lignes sobres
    Où dort le fleuve bleu.
    Voici les...

  • Je veux, pour composer chastement mes églogues,
    Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
    Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
    Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
    Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
    Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
    Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
    Et les grands ciels qui font...

  • Le paysage dans le cadre des portières
    Court furieusement, et des plaines entières
    Avec de l'eau, des blés, des arbres et du ciel
    Vont s'engouffrant parmi le tourbillon cruel
    Où tombent les poteaux minces du télégraphe
    Dont les fils ont l'allure étrange d'un paraphe.

    Une odeur de charbon qui brûle et d'eau qui bout,
    Tout le bruit que feraient mille...

  • O grand pays religieux,
    Pavé de pierres sépulcrales,
    Un jour sombre te vient des cieux
    Par des vitraux de cathédrales !

    ... Vous avez peut-être passé
    Dans le sentier des primevères.
    Sur l'horizon, plane, dressé,
    Le groupe noir des « Cinq Calvaires ".

    Ils sont là cinq Christs, tous pareils,
    Aux faces mornes et ridées,
    Que font...

  • Un monde mort, immense écume de la mer,
    Gouffre d'ombre stérile et de lueurs spectrales,
    Jets de pics convulsifs étirés en spirales
    Qui vont éperdument dans le brouillard amer.

    Un ciel rugueux roulant par blocs, un âpre enfer
    Où passent à plein vol les clameurs sépulcrales,
    Les rires, les sanglots, les cris aigus, les râles
    Qu'un vent sinistre arrache...

  • A travers les massifs des pâles oliviers
    L'Archer resplendissant darde ses belles flèches
    Qui, par endroits, plongeant au fond des sources fraîches,
    Brisent leurs pointes d'or contre les durs graviers.

    Dans l'air silencieux ni souffles ni bruits d'ailes,
    Si ce n'est, enivré d'arôme et de chaleur,
    Autour de l'églantier et du cytise en fleur,
    Le murmure...

  • C'est le paysage longtemps, c'est une cloche,
    c'est du soir la délivrance si pure -;
    mais tout cela en nous prépare l'approche
    d'une nouvelle, d'une tendre figure ...

    Ainsi nous vivons dans un embarras très étrange
    entre l'arc lointain et la trop pénétrante flèche :
    entre le monde trop vague pour saisir l'ange
    et Celle qui, par trop de présence, l...

  • Au dedans, le silence et la paix sont profonds ;
    De froides pesanteurs descendent des plafonds,
    Et, miroirs blanchissants, des parois colossales
    Cernent de marbre nu l'isolement des salles.
    De loin en loin, et dans les dalles enchâssé,
    Un bassin de porphyre au rebord verglacé
    Courbe sa profondeur polie, où l'onde gèle ;
    Le froid durcissement a poussé...

  • À l'abri de l'hiver qui jetait vaguement
    Sa clameur, dans la chambre étroite et bien fermée
    Où mourait un bouquet fait de ta fleur aimée,
    Parmi les visions de l'étourdissement ;

    Pendant qu'avec la joie extrême d'un amant
    Je froissais d'un coeur las et d'une main pâmée
    L'étoffe frémissante et la chair embaumée,
    Mon sang montait plus lourd à chaque...