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    Vous que j’ai tant aimé, ô vous dont l’œil m’évite,
    Si le hasard encor me plaçait sur vos pas,
    Tremblante, à mes regards ne fuyez pas si vite,
             De moi ne vous détournez pas.

    Ne vous détournez pas ! Dans sa noble innocence,
    Mon cœur s’étonne et souffre au trouble où je vous voi.
    Si d’un trop haut amour la femme un jour s’offense,...

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    La vie et la douleur m’ont appris la sagesse,
              La voici : l’amour est mortel.
    Il meurt même avant nous, et l’homme en sa détresse
              N’a point d’ennemi plus cruel.

    Qu’est-ce donc que la vie ? amertume et torture,
              Doute et désespoir, tour à tour.
    Mais le plus grand des maux que nous fit la nature,
              Et le plus...

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    Tu ne peux le comprendre et ta bouche blasphème :
    Porte moins haut l’audace et connais-toi toi-même !
    Le Mal est fils de l’homme et de sa volonté.
    Cet arbre aux fruits mortels s’ouvrit sur la nature
    Du jour où l’Éternel fit à sa créature
             Le présent de la liberté.

    L’homme, hélas ! en a mal usé : voilà son crime !
    Du superbe et du fort...

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    Oui, l’œuvre a trahi la promesse !
    Leur torrent aux folles rumeurs
    Ne vaut pas l’antique Permesse,
    L’onde où buvaient nos vieux rimeurs.

    « Cependant chacun d’eux s’admire.
    En est-il un seul, en effet,
    Qui dans son œuvre ne se mire,
    Fringant, pimpant et satisfait ?

    « Celui-ci, de rimes exquises
    Façonnant ses versiculets,
    ...

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    Dieu lui-même a respect de la souffrance humaine ;
    Réelle est la douleur si la cause en est vaine.
            Qu’importe par qui nous souffrons !
    La fleur du bien grandit sur les âpres collines :
    L’homme qui sait porter sa couronne d’épines
            Devient un dieu sous les affronts.

    Ne maudis point, ami, ta suprême torture ;
    Respecte ta douleur,...

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    Oh ! qu’il est beau, voyez, tout couvert de ses roses,
    Dans l’humide vallon, qu’il est beau, l’églantier !
    Mais qu’elle est belle aussi, parmi ses sœurs écloses,
    La fleur à qui mon cœur s’est donné tout entier !

    Oh ! qu’ils sont frais, voyez, sur la feuille si verte,
    Qu’ils sont frais, ces boutons dans leur rose splendeur !
    Mais qu’ils sont frais...

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    Paisible, elle habitait loin des routes foulées,
           Non loin de la source aux ramiers ;
    Comme une eau sous les bois, ses heures écoulées
           N’ont connu qu’un toit de palmiers.

    Un bengali chanteur avait bâti prés d’elle
           Son nid dans le citronnier vert.
    A chaque aube il venait, l’oiseau doux et fidèle,
           Chanter pour l’enfant...

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    Des ombres de la vie, hélas ! mon front se voile ;
    Le jour s’est éclipsé, l’horizon est obscur ;
    Mais dans mon ciel éteint, ô ma fidèle étoile,
    Je vois briller toujours ton rayon fixe et pur.
    A mes délaissements quand chacun m’abandonne,
    Clémente à mes malheurs, ton cœur me les pardonne ;
    Sans m’accuser jamais, tu gémis avec moi.
    De mes...

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    Le ciel est pur, la vague est douce.
    Ô diaphane, ô belle nuit !
    Au souffle tiède qui le pousse
    Notre vaisseau vogue sans bruit.

    Bleu cristal que nul vent ne plisse,
    Le ciel est comme un lac dormant.
    Sur le saphir la lune glisse,
    Nacelle de nacre et d’argent.

    Au lent roulis qui nous balance,
    L’équipage s’est endormi ;
    Seul...

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    Quand le triste Alcyon gémit,
    Bercé par la vague dormante,
    Sa voix glisse et tombe mourante
    Sur le flot calme qui frémit.

    Mais si le pauvre oiseau des mers,
    Lorsque son chant plaintif expire,
    Entend une voix qui soupire
    Au loin répondre à ses concerts ;

    Il suit sur le flot bleu qui dort
    La voix qui pleure et le console,
    Et...